Qu’est-ce qui fait gagner Donald Trump ?

Le président des États-Unis a le don de passer au travers des scandales qui accablent son administration. Lors de l’affaire russe qui avait considérablement entaché son début de mandat, beaucoup d’observateurs prédisaient qu’il ne ferait pas long feu au pouvoir.

Le président des États-Unis a le don de passer au travers des scandales qui accablent son administration. Lors de l’affaire russe qui avait considérablement entaché son début de mandat, beaucoup d’observateurs prédisaient qu’il ne ferait pas long feu au pouvoir.

À la Maison Blanche, les plus proches conseillers du président se sont attelés à minimiser ce dossier qui pourtant touchait de plein fouet à la sécurité nationale de la première puissance du monde. Le président considérait le dossier russe comme absurde et inexplicable et son procès annoncé comme relevant d’un procédé « kafkaïen ». Il est resté jusqu’au bout fidèle au général Michael Flynn, un de ses conseillers les plus cités dans cette ténébreuse affaire. Pour les adeptes du président, ce sont les médias qui s’amusent à fomenter des complots contre son administration. Un des articles du Washington Post stigmatisant le rôle des espions russes dans la politique intérieure des États-Unis a été qualifié de terriblement injuste par Keyllyane Conway, une égérie de cette Maison Blanche devenue méconnaissable pour nombre d’ Américains modérés.

Toute l’affaire russe dont le président s’en est sorti sans grande casse, aurait été cousue de fil blanc selon les cercles conservateurs à Washington, pourtant généralement très frileux sur les questions de sécurité et d’hégémonie des États-Unis dans le monde. Il s’agirait, selon eux, de scénarios obsessionnels visant à abattre un « homme qui aurait rendu toute sa grandeur à l’Amérique », bref des pétards mouillés utilisés par des conspirateurs adeptes de la théorie des complots. Les mêmes cerveaux qui, au Parti républicain ou dans les think thank de l’extrême droite américaine avaient promptement assassiné le « caractère » de la rivale démocrate Hillary Clinton, lors de l’ affaire des e-mails ou des incidents de Benghazi en Syrie, ont condamné cette « manière sauvage et sanglante de détruire les carrières politiques ».

Trump aura survécu à cette sombre affaire qui a vu témoigner contre lui un ancien responsable du FBI David Foley. Puis vint l’affaire ukrainienne ! Un appel téléphonique douteux de Donald Trump proposant au chef d’État ukrainien une aide économique et militaire comme monnaie d’échange d’une enquête pour corruption supposée visant Hunter Biden, le fils de l’un de ses rivaux démocrates Joe Biden. Une étrange affaire qui sent à mille lieues des manigances d’espions et de trafics d’influence semblables à la « Russie connexion » qui avait quelques mois auparavant défrayé la chronique, et dont la grande presse américaine avait été accusée de montages grossiers et malhabiles.

Cette fois il y eut des témoins. Des membres proches du cercle présidentiel, dont un ancien conseiller Jhon Bolton, se disaient prêts à témoigner. Certains diplomates en poste en Ukraine et près de l’Union européenne ont même déposé sous serment. Les démocrates en la personne de leur leader Nancy Pelosi ont mené tambour battant une enquête au Congrès visant à « destituer » le président Trump.

Encore une fois, l’homme habitué aux scandales et aux épreuves de « catch politiques » a su retourner cette affaire à son profit et sortir vainqueur d’une procédure qui risque de le grandir au lieu de l’affaiblir.

Dans un discours sur l’état de l’Union, il a parlé de ses victoires sur le plan économique et d’une Amérique au fait de sa puissance. Il s’est présenté comme le vainqueur d’un procès injuste et a brandi un grand titre du Washington Post : « Trump acquitté ».

Tout le monde connaît l’aversion du président pour le journal de Jeff Bessos qu’il considère comme l’un de ses pires ennemis. Mais il a voulu jouer sur le symbolisme de la défaite de ceux qui croyaient l’abattre.

Ce président atypique qui inquiète l’opinion publique mondiale est un chasseur de scalps, un nouveau « John Wayne » qui risque de plaire encore pour quelques années à une majorité d’Américains.

Roody Edmé

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