Trait d’union ?

Une rencontre inattendue a eu lieu la semaine dernière entre le Premier ministre Ariel Henry et Magalie Comeau Denis, une des principales coordonnatrices de l’accord de Montana. Une nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe dans un contexte politico-social explosif. L’opinion publique, sceptique sur notre capacité à nous entendre sur des questions essentielles, a accueilli l’évènement sans grande illusion, tout en souhaitant que ce soit le début de discussions annonciatrices d’un déblocage de la vie politique. Loin des feux de la rampe et de l’influence partisane des extrêmes, des leaders haïtiens vont-ils enfin s’entendre pour offrir au monde l’exemple d’une entente cordiale, capable de défaire les nœuds socio-économiques qui nous strangulent.

Aujourd’hui, une guerre de basse intensité et ses cortèges de violence ravagent nos contrées. La Police nationale a, ces deux dernières semaines, redoublé d’efforts dans la traque des bandits, après avoir été complètement submergée par des vagues de kidnapping. Une situation qui a amplifié l’exode des cerveaux vers des cieux plus cléments. Toutes les semaines, dans les restaurants de la ville ou dans de discrets jardins à l’abri des regards, se déroule une fête d’adieu. Des rires et des larmes ponctuent à chaque fois ces départs forcés. D’autres personnes résistent et doivent expliquer à leurs familles, qui se font insistantes, pourquoi elles restent encore au pays, pourquoi elles ne veulent pas abandonner le navire qui menace de couler sous le poids accablant de l’indifférence des uns et de l’ égoïsme meurtrier des autres,

De nouveaux acteurs sachant faire montre d’une rare violence se déclarent maîtres des lieux. Ils ont des pseudonymes tirés d’un lexique guerrier ou animalier et se donnent le brevet de disposer des vies et des biens comme bon leur semble !

Les gens résistent quand même, la vie refuse de se plier face à l’anarchie et au désespoir du moment. Des expositions se tiennent comme celui à succès du Canado technique où des dizaines d’écoles ont présenté des projets de fin d’année les uns plus ingénieux que les autres. Des activités culturelles organisées ici et là tentent de surprendre la grisaille du quotidien. Plusieurs organisations de la société civile se concertent et s’indignent contre cette situation et tentent de chercher des solutions.

Au moment où tout un pays refuse l’immobilisme face à l’inacceptable, nos politiques sauront-ils changer de ton et conjurer notre mauvais sort politique qui pèse comme un couvercle.

Roody Edmé   

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