Le défi des Amériques

Organisé tous les trois ans, le sommet des Amériques, qui se tiendra du 6 au 10 juin en Californie, aura cette année une signification particulière. Face à la défiante concurrence russe et chinoise, l’administration Biden a grandement besoin d’un réalignement de ses alliés de partout dans le monde.

Washington qui, depuis quelques années, semblait délaisser la vieille Europe s’est vite remis aux pendules européennes. L’aide militaire et économique massive accordée à l’Ukraine dépasse en termes de magnitude le pont aérien qui servit à alimenter Berlin-Ouest lors du blocus total de cette partie de la ville, le 24 juin 1948, sur ordre de Staline. Avec la guerre en Ukraine, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont donc profité pour revigorer une alliance qui paraissait moribonde.

En Asie, la nouvelle trilatérale regroupant les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (l’ANKUS) a été montée de toute pièce pour faire front contre la toute-puissance chinoise dans la Mer de Chine et plus largement dans le Pacifique Sud.

Il reste désormais à Joe Biden de définir la vision de son administration pour le sous-continent américain. Une région qui entretient avec le grand voisin du Nord des relations souvent tendues en raison du poids de l’histoire. Le département d’État a dû annoncer que la liste des invités n’était pas fermée devant le refus du Mexique de ne pas participer à la réunion  si certains pays dont Cuba, le Venezuela et le Nicaragua étaient exclus du sommet. Une bouderiemexicaine que Washington prend au sérieux puisque la question migratoire sera au centre des débats.

La non-participation du Mexique et du Brésil de Bolsonaro pour autre raison de fidélité trumpiste, ajoutée à celle des territoires délibérément écartés de la carte de l’Amérique, risquent de faire de cette rencontre un flop que ne peut souffrir une administration très active sur d’autres fronts et fortement courtisée dans son « arrière -cour » par la Chine.

La diplomatie américaine tente de s’en sortir de cet imbroglio par une entourloupette en prévoyant pour les pays « indésirables » un statut d’observateurs. Ce sommet devra, selon le responsable américain pour les affaires hémisphériques, Brian Nichols, aborder le choc économique post-Covid, la crise migratoire et la sécurité d’une région plombée par les gangs.

Du PCC brésilien qui impose ses lois et ses règles au sein de l’appareil pénitentiaire de Rio et dans les favelas, aux dangereux Maras d’Amérique centrale, en passant par les 400 Mawozod’Haïti,le défi sécuritaire prend une dimension dramatique et régionale. L’international du crime remplace progressivement dans certaines zones le pouvoir d’État, et ruine l’évangile démocratique prônée par une Amérique qui a mal dans son leadership.

En Haïti, où les institutions sont à terre, le mal répand la terreur au quotidien. Le Premier ministre Ariel Henry arrivera sur la côte Ouest américaine avec un bagage assez lourd constitué de crises multiples et d’une liste innombrable de victimes de l’insécurité.

Les États-Unis qui ont été jusqu’ici moins prompts à aider les Haïtiens affirment qu’il faut prendre le temps pourmieux aborder la complexité du problème. Ce qui ne manque pas de justesse, la politique américaine vis-à-vis de notre pays mérite de grands changements.

Le drame est que nous n’avons pas l’éternité pour nous.Et chaque jour les groupes armés gagnent en sophistication.

RoodyEdmé

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