Quand la Chine fissure la doctrine de Monroe

Le Sommet des Amériques s’est achevé le vendredi 10 juin avec des résultats mitigés. Il faut dire qu’il était plutôt mal parti. La doctrine Monroe « l’Amériqueaux Américains » bat de l’aile depuis des décades. La Chine particulièrement avec ses milliards de fonds souverains se propose d’investir lourdement dans le pré-carré américain.

Certains pays de l’Amérique latine n’hésitent pas à se positionner pour recueillir un peu de la manne chinoise. Car depuis trop longtemps, des herbes folles ont poussé dans l’arrière- cour des États-Unis, qui n’ont jamais vraiment considéré le sous-continent comme une priorité. Cette région est devenue un lieu de migrations forcées et qui alimentent les États-Unis en réfugiés.

Il n’est pas étonnant que la question migratoire ait tant préoccupé Washington au cours de ce sommet. Tout se passe comme si l’administration Biden profitait de cette rencontre internationale pour régler un problème de politique intérieure.La pression insoutenable de ces foules intrépides et désespérées qui effectuent vers le grand Nord- américain, ce qu’un écrivain a qualifié « d’ascension païenne », a figuré en bonne place dans le communiqué final du sommet. Le texte mentionne la « responsabilité partagée » entre États. Une manière pour les États-Unis de s’assurer que certaines questions migratoires seront gérées dans des pays tiers avant que la bombe démographique n’explose à leurs frontières avec le Mexique.

Des aides seront accordées spécialement aux migrants venus du Venezuela et des fonds privés à certains pays d’Amérique centrale. Certaines mauvaises langues y voient un « préjugé idéologique » comme ce fut par le passé pour les réfugiés cubains.

Haïti devra se répartir quelques milliers de visas avec d’autres pays qui obtiennent déjà la part du lion en termes d’investissements. Selon l’AFP, qui cite un communiqué de la Maison-Blanche, le Belize va lancer un programme de régularisation d’immigrés illégaux tandis que le Costa Rica se propose de renouveler un programme de protection temporaire pour des personnes venues de Cuba,du Venezuela et du Nicaragua.Washington sort grand gagnant de cette rencontre : les Américains sont parvenus à porter les pays de transit à assumer sur place une gestion d’urgence des réfugiés en échange de support financier.

Le New York Times du 9 juin sous la plume de Eilen Sullivan a mentionné le fait que pour seulement le mois de mai, le gouvernement américain avait organisé 36 vols de déportation, un total de 4000 réfugiés arrivant dans un pays mis sous coupe réglée par les bandes armées. Les États-Unis concèdent un certain nombre « d’élus » haïtiens pour l’eldorado américain dont le nombre demeure flou, et les formalités pour y avoir accès sont en même temps impossibles en raison de l’insécurité qui menace le personnel chargé de délivrer ces visas de travail.

Quoiqu’il en soit, les Haïtiens ne sont pas parmi les réfugiés les plus accueillis dans n’importe quel pays de la région. Notre déficit de légitimité démocratique, notre trop grande dépendance économique et surtout notre incapacité à dépasser nos divergences nous confinent dans notre situation de parias des Caraïbes.

C’est une des clés pour comprendre le démenti public du gouvernement dominicain aux déclarations des autorités haïtiennes sur de prétendus accords entre les deux pays. Une douloureuse piqûre de rappel pour nous porter une fois de plus à réaliser cet accord inter-haïtien qui changerait tant soit peu une image désastreuse de société sans repères et conduirait à un peu plus de respect de nos partenaires internationaux.

RoodyEdmé

 

 

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