Sortir de la confusion

On entend souvent cette observation sur les lèvres de nos citoyens : « Nègyovwayaje. Yowèkijanpeyietranjeòganizeepi men sayoremèt».Comme quoi une grande majorité d’entre nous a conscience que nous vivons dans une anormalité et que ceux qui se disent nos dirigeants ne font rien pour changer les choses. Au contraire, ils semblent trouver dans la situation des opportunités mirobolantes qui leur permettent de se prémunir contre la précarité.

 

Cette réflexion des citoyens renvoie au fait aussi que les visites à l’étranger, les études à l’étranger, la vie même à l’étranger n’ont eu aucun effet sur cette « élite » toujours au pouvoir. Ils sont souvent sortis des meilleures universités. Des hommes et des femmes de l’intérieur comme de la diaspora. Une fois en pouvoir de décision, ils n’ont fait pour la plupart que reproduire ce système dont certains annoncent constamment la fin, mais qui démontre constamment sa capacité à se renouveler, à perdurer et donc à nuire à la nation.

 

Cela est dû à quoi ? À un bug dans notre système éducatif ou dans notre culture ?

On ne cessera jamais de le répéter. Il nous faut des sociologues pour comprendre pourquoi ce pays produit autant de Thémistocle Epaminondas Labasterre. Des hommes qui se présentent comme d’éminentes figures intellectuelles, parfois professeurs d’université, qui se gagnent la sympathie des gens par leurs discours souvent très critiques sur les choses de leurs pays. Une fois au pouvoir ils ne sont pas meilleurs que ceux qu’ils critiquaient auparavant. Parfois, même plus mauvais.

 

C’est pour cela que nous sommes constamment dans une dynamique de l’absolution de la corruption et de la délinquance.

On pourfend le régime dont le mandat est arrivé à terme. On l’accuse de tous les maux. C’est souvent vrai. En Haïti, on a constamment les mêmes pratiques. Car le gouvernement suivant tombe rapidement dans les mêmes travers. Et dans le provisoire, on est souvent très pressé.

Trop pressé même, à cause de la précarité.

 

 

Pourquoi sommes-nous obligés de continuer dans cette même confusion ?

Oui, ceux qui nous dirigent savent très bien comment les choses se passent ailleurs. Ya-t-il donc un accord tacite pour que le pays reste dans les entrelacs inextricables de l’anormalité cimentée par cette violence sournoise nourrie du mépris social ? Est-ce pour cela que tout est fait, pensé pour que le citoyen ne pense jamais à comparer son quotidien à celui d’un autre citoyen d’un pays de la Caraïbe comme la République dominicaine, si proche ? Nous sommes aussi enfermés dans une certitude névrotique d’être un grand peuple, récupérant ainsi les exploits des fondateurs alors que nous avons galvaudé leur héritage.

 

On est seulement un grand peuple quand on construit son présent et le futur de ses enfants, quand on respecte l’héritage de ses pères.

 

C’est ce que nous devons comprendre si nous voulons vraiment nous regarder dans le miroir, accepter nos échecs, pour prendre les mesures qui s’imposent afin de redresser la barre et de retrouver la place nous revenant de droit dans le concert des nations.

 

La Rédaction

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