Interdiction de rester

On a beaucoup parlé des interdictions de départ. Depuis l’élection de décembre 1991, l’arme de l’interdiction de départ a été brandie contre d’anciens fonctionnaires et d’anciens dirigeants. Jamais on n’est allé trop loin par la suite, car comme on l’a déjà dit, on fait attention à ne pas scier la branche sur laquelle on rêve de venir s’asseoir. Aussi par solidarité interprofessionnelle de la politique. En fait, en général, on crie haro contre les prévaricateurs, juste pour se ménager une place, pour bien faire comprendre à l’autre qu’il n’est plus là, qu’il doit se tenir tranquille.

Mais nos politiques ont mieux dans leur arsenal que l’arme de l’interdiction de départ. Le système qu’ils défendent ne cesse de produire des centaines de milliers de jeunes sans perspectives de vie. L’Amérique latine est devenue une destination privilégiée. Des milliers d’Haïtiens bravent l’inconnu, affrontent les airs, les mers et la forêt vierge pour arriver au Brésil, en Guyane et jusqu’au Chili. Nos citoyens aux abois scrutent la carte du monde en quête de pays capable de les accueillir. La fuite comme seule option de survie.

Cette interdiction est signifiée par les pitreries auxquelles se livrent nombreux de nos politiciens qui ne se soucient nullement des conditions de vie de nos citoyens qui se dégradent de plus en plus. Personne chez nous ne semble avoir le souci de nous remettre à niveau avec la République dominicaine, seul moyen de résoudre les problèmes entre nos deux pays. Notre production chute à tous les niveaux. Notre agriculture sombre de plus en plus. Dans tous les domaines, nous accusons des retards vertigineux. Mais la politique, une politique de l’absurde, parasite notre vie nationale. C’est seulement ici, chez nous, que la question de l’emploi n’est pas au centre du discours politique.

Nos jeunes rêvent tous de partir. Certains arriveront à traverser les frontières. D’autres rejoindront le camp des délinquants et des jouisseurs. Une grande majorité se retrouvera chômeurs et une minorité restera à la marge, en tentant contre vents et marées de se construire un semblant de présent.

Dans ce lieu où on a l’impression d’être enfermé dans une boucle temporelle avec des fous qui rejouent au même jeu truqué. Des fous que nous devons enfermer. Un souci de remettre la nation sur pied qui doit devenir une priorité. Il faut que l’inconscience des uns et des autres cesse de pousser des milliers de nos concitoyens hors du pays. Un pays pourtant où tout est à repenser et à reconstruire. Un pays où des bonnes volontés sommeillent, comme prisonnières dans un camp de concentration, surveillées de près par les sbires des seigneurs du chaos.

Cette interdiction de rester doit être dénoncée. Cette interdiction de rester doit être enlevée. Cette interdiction de rester doit être oubliée et enterrée. La fuite ne peut être la réponse à l’exclusion. On doit rêver d’une incitation à revenir. De tous nos frères et sœurs qui voudraient bien, avec avoirs et connaissances, participer au grand konbit pour la reconstruction de notre pays dans la solidarité, l’amour et la paix.

 

La Rédaction

 

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