Le Blanc et nous

Le « Blanc », semble-t-il, chez nous, est responsable de tous nos malheurs. Bien qu’on ne sache pas trop qui est le « Blanc ». Car il y a « Blanc » et « Blanc ». Il y a la communauté internationale qui est un tout hétéroclite, avec ses luttes hégémoniques qui prennent différentes tournures suivant le moment. Le « Blanc » dans nos têtes est un être pyramidal, car on sait, on pense, on en est presque certain, le donneur d’ordre, en haut, est quelque part, dans une officine en Amérique du Nord. L’Europe suit, tente de garder sa place, et ensuite vient l’Amérique latine, le Brésil en particulier pour qui notre pays serait un pion important dans sa stratégie dont le but est de se créer un espace enviable sur la scène continentale et mondiale.

 

Le bon « Blanc », pour certains, est celui qui assure sournoisement le pillage des ressources du pays et qui travaille pour le groupe auquel on appartient. Mais derrière toute cette rhétorique sur la question du « Blanc » se cache fondamentalement notre refus d’admettre nos échecs, de critiquer nos démarches égoïstes, nos comportements suicidaires, notre mépris pour cette population, pour cette terre et pour nous-mêmes. Tirer à boulets rouges sur le « Blanc », c’est enfoncer sa tête dans le sable, c’est refuser de voir une réalité dont nous sommes les seuls responsables.

 

L’étranger n’aura toujours que ses intérêts. L’impérialisme se nourrit des faiblesses, de l’inorganisation des sociétés qu’il domine. C’est difficile, à moins de plonger dans les mythes qu’on connait, de prouver que l’étranger aurait plus d’intérêt en Haïti que dans les autres pays de la Caraïbe qui nous dament le pion pratiquement dans tous les domaines. Le vrai drame de notre pays, c’est l’incapacité de notre société à dégager une masse critique de citoyens pouvant s’atteler à changer ce système où la précarité transforme chaque individu en une sorte de virus devant perpétuer le chaos.

 

Le vrai problème n’est pas le « Blanc ». Le « Blanc » observe nos turpitudes, notre conception dépravée du pouvoir, nos médiocrités, nos méchancetés, notre vénalité, notre cécité, et il en profite. Pleurnicher parce qu’il en profite et lancer des slogans, au fond, faux, hypocrites, et faussement racistes, ne changeront rien à la réalité qui est la nôtre. Tout autant que nous n’aurons pas le courage de nous attaquer aux vrais problèmes, que nous ne décidons pas ensemble, sincèrement à (re)structurer le pays sur le plan physique et mental, nous continuerons comme des fous à fouiller notre propre tombe et à accuser le « Blanc ». Lui qui, comprenant toujours son intérêt, se dépêchera de nous fournir à prix fort, le matériel pour creuser.

 

 

La Rédaction

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