Soif de quiétude

Le parfum fétide et révulsant de la mort flotte dans les rues de Port-au-Prince et des quartiers avoisinants. Peu importe la raison et les mots de consolation, la formule, absolument dégénérée et impétueuse, d’abattre tous ceux que l’on n’aime pas ou qui ne sont pas dans notre camp, introduit un cycle de grande barbarie. À la fin, et en vérité, il n’y aura ni vainqueurs ni vaincus. Cette situation a touché le ridicule en elle-même et nous l’expose. Et de fait, nous sommes aujourd’hui membres passifs d’une communauté qui ne nous permet pas de demander plus que la permission de vivre. Comme a dit l’Ecclésiaste : [en Haïti, de nos jours] « le sage meurt comme le méchant ».

Le parfum fétide et révulsant de la mort flotte dans les rues de Port-au-Prince et des quartiers avoisinants. Peu importe la raison et les mots de consolation, la formule, absolument dégénérée et impétueuse, d’abattre tous ceux que l’on n’aime pas ou qui ne sont pas dans notre camp, introduit un cycle de grande barbarie. À la fin, et en vérité, il n’y aura ni vainqueurs ni vaincus. Cette situation a touché le ridicule en elle-même et nous l’expose. Et de fait, nous sommes aujourd’hui membres passifs d’une communauté qui ne nous permet pas de demander plus que la permission de vivre. Comme a dit l’Ecclésiaste : [en Haïti, de nos jours] « le sage meurt comme le méchant ».

La douleur ne vient jamais sans la détresse. Et, celle que l’on nous sert, ces derniers temps dans le pays, est immense. Que l’on veuille bien le comprendre, vivre ne peut pas se résumer à des actions pour se protéger et à lâcheté de tirer sur l’ennemi supposé ou l’inconnu se trouvant, paré de son innocence, au mauvais endroit et au mauvais moment.

Depuis trois jours, l’horreur a pris place au Bel-Air. À quelques encablures des plus importants symboles qui légitiment le pouvoir central de l’État haïtien, des assaillants assassinent, incendient dans une opération punitive qui a tout d’un massacre. Ce n’est pas une recrudescence de la violence. Elle est là, permanente depuis trop longtemps. Elle n’est que transportée dans d’autres quartiers en fonction de la fantaisie des prétextes qui deviennent trop facilement des raisons d’agir.

Comme une question, raisonnablement posée, n’est jamais de trop, on peut se demander si le modèle du nouveau dispositif de la boite de dénonciation imaginé par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) pourra aider le parquet à poursuivre les ordonnateurs et les exécutants de ce carnage. À ce propos, la justice a déjà des noms voire même des mobiles, puisque des victimes aux observateurs attentifs, tout le monde en parle. Mais, il est évident que le moralement discutable est plus important pour le moment. On pourra même gager que la délation éclipsera la dénonciation lors du dépouillement des boites de l’ULCC. Par le passé, nous avons connu tant de « kout dwèt » motivés par la compétition politique, par la haine, par la cupidité. Quand l’honneur et l’éthique sont absents, tout dispositif ambivalent, au-delà de son fondement légal, devient une arme pour tuer. Assassiner celui par ses positions et ses actions.

Il s’agit en effet d’un autre débat à mener dans un pays frappé actuellement par la tragédie des familles qui cherchent refuge au Champ-de-Mars, comme après le terrible tremblement de terre de janvier 2010. Le mépris sera encore plus grand lorsque les « bonnes personnes » contourneront les quartiers chauds, éviteront d’exiger l’arrestation des coupables, détourneront leurs regards pour aller distribuer des kits hygiéniques et alimentaires. Au nom de la solidarité. Pour le règne de l’humanitaire.

Nous avons besoin de justice pour Monferrier Dorval et pour tous ceux qui sont exécutés quotidiennement. La quiétude est devenue un luxe inaccessible en Haïti.

Jean-Euphèle Milcé

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES