Huis clos

On a coutume de dire que le pouvoir use. L’opposition use aussi si elle est perçue comme une sorte de passage fabriqué uniquement pour l’accession au pouvoir. Pouvoir et opposition usent surtout quand ils arrivent à fonctionner en huis clos, des huis clos où s’invitent nécessairement les unités du choc devant user de la violence, pour que le chantage, par la menace sur les biens, devienne une arme.

 

Dans le huis clos, les professionnels de la politique, comme elle est pratiquée chez nous, s’affrontent et manient des rhétoriques habiles. Les gagnants du moment se pavanent et distribuent des récompenses pour se constituer une cour. On ségrège, on moucharde, on planifie la possession du pouvoir pour l’éternité. L’ensemble de cette classe, toujours en quête du pouvoir uniquement pour la jouissance des privilèges, ne s’entend que si les intérêts de ce groupe sont menacés. Par quelqu’un ou par un groupe surgi de nulle part. Pas en fait de nulle part. Car ces politiciens dans leurs huis clos permanents oublient toujours un élément essentiel : la population.

 

On est tellement dans ces huis clos, où le temps semble suspendu toujours au passé –tiens ! On revient au temps !- qu’on entend par exemple un porte-parole de l’opposition parlant des quartiers populaires citer seulement Bel Air, Cité Soleil, Grand Ravine, comme si la configuration sociologique de Port-au-Prince était en mode pause depuis des décennies alors que la ville, la grande ville s’étend, les bidonvilles comme des fourmilières s’étendant partout, assiégeant même les quartiers dits aisés.

 

Des dynamiques nouvelles se développent au sein de la population et les regards que les citoyens jettent sur nos pratiques politiques et donc sur nos politiciens auraient dû faire réfléchir plus d’un.

 

Dans toutes les conversations, le rejet est manifeste. Si dans les vieilles démocraties, on constate cette désaffectation à l’égard de la politique comme on la pense depuis des décennies, les institutions en ces lieux peuvent protéger la société. Chez nous, cette désaffectation, ce rejet avec la faiblesse de nos institutions, souvent réduites à l’état de loques, peuvent nous plonger dans ce chaos que nous redoutons.

 

Partant déjà avec un déficit de crédibilité dont ils ne se rendent pas compte dans leurs huis clos, ils vont certainement, appâtés par les privilèges du pouvoir, jouer pour obtenir des positions intéressantes dans le gouvernement provisoire. Or, l’histoire a souvent démontré que les gouvernements provisoires brûlent des têtes quand ils ne les font pas passer tout simplement à côté du cours de l’histoire.

 

Il faut que le pays se dote d’une classe politique qui ne fonctionne pas en huis clos et qui soit de manière fonctionnelle à l’écoute de la population. Il faut dans cette autre classe politique des cerveaux qui peuvent identifier et comprendre les nouvelles dynamiques qui ont cours au sein de notre société.

 

La Rédaction

 

 

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