Que reste-t-il du passager solitaire d’un pouvoir imprévisible ?

Derrièrela construction d’un mausolée officiel et la présenced’autres lieux de mémoire qui alimenteront les souvenirs et perpétueront le symbole de l’ancien président Jovenel Moïse, il restera certainement les parents et les membres de la famille nucléaire du défunt, les premiers perdants. Ils sont depuis déjà un an, les premiers à ressentir le vide laissé par ce mari, ce papa, ce guide, ce conseiller, ce modèle, ce bouclier, ce fer de lance, ce combattant.

Derrière ces proches qui portent le nom, le sang, l’essence et l’essentiel de l'héritage sacré et mystique de l’ancien président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, il y a aussi les complices et les compères connus et invisibles, les hommes et femmes de confiance de ce dernier, qui dans l’ombre ou dans la tombe, vont tenter de garder en vie la flamme du génie de l’homme emblématique du 7 février 2021.

Derrière les souvenirs que nous garderons de ce personnage historique et politique, énigmatique, symbolique et atypique, il y a toute une nation qui continue de connaître des jours et nuits sombres, des matins et journées sans espoir de jours meilleurs. Le pays va mal. Le pays va très mal. Le pays est malade. Son malheur ne se résume surtout pas à l'ère de Jovenel Moïse, mais s’est considérablement amplifié et est alimenté dans le malheur de Jovenel Moïse.

Derrière l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moise, il restera pendant longtemps des décisions à la fois calculées et improvisées, des actions influencées et mésinterprétées, des intensions, des interprétations, des illusions et des considérations à prendre en compte par ses successeurs habiles ou maladroits, intrépides ou têtus qui se mettront à l’école du pouvoir en Haïti, pour apprendre à faire de la politique et vendre des rêves à la population ?

Derrière la sombre journée du 7 juillet, pour les années présentes et à venir, il restera certainement assez de places dans l’entreprise de la politique en Haïti, pour recruter des personnels plus compétents et mieux préparés, plus avisés et plus responsables.

Des hommes et des femmes plus exigeants et pleins d'expériences dans l’administration publique, dans la gouvernance étatique et dans la négociation diplomatique sont de plus en plus en voie de disparition depuis l’acte 2 du 6 et 7 juillet 2021.

Difficile de croire, mais c’est la triste réalité. Derrière le violent départ de Jovenel Moïse, l’histoire retiendra que ce dernier n’avait pas été assez préparé (informé et formé) pour occuper cette haute fonction de la République, et c’est pourquoi il a laissé traîner son corps et son cœur sans résistance, dans l’illusion d’une présidence sans expérience, dans l’aventure d’une existence sans conscience autour du poids de  la violence, et du prix de la vengeance en politique.

 

De Jovenel Moïse, on retiendra l'alchimie de l’eau, de la terre, du soleil et de trois catégories d’hommes, ceux qui continuent de vivre dans la peur, la douleur et la misère. Ceux qui vivent dans l’opulence et d’autres qui tentent entre les deux de créer l'équilibre indispensable pour vivre ou survivre. Pour faire revivre Haïti. Ce pays qui mérite mieux ! Cette population qui ne demande rien, mais qui mérite tout ! En commençant par une échelle ou une corde pour sortir du trou, ce trou noir où reposent les restes de Jovenel Moise, le dernier passager solitaire du pouvoir imprévisible.    

 

Dominique Domerçant  

 

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