Priez pour nous, armes à la main

17 ans depuis de Jacques Roche a été assassiné et il s’en est allé tranquillement laissant certains de ses camarades au pouvoir de la transition et ses employeurs dans leurs livres de compte. Ce jour de juillet 2015, la télévision avait programmé de tourner en boucle les images du corps meurtri et boursouflé du poète-journaliste traumatisant les téléspectateurs y compris de pauvres enfants en vacances qui n’avaient d’autres occupations à part celle de s’asseoir devant la télé. Les gardiens de la conscience de la République n’ont toujours pas reconnu leur part de responsabilité. Dommage !

 Pourtant, le temps passé ne génère pas forcément l’amnésie.

Ceux qui ont connu Jacques n’oublieront jamais qu’il est toujours le premier à offrir son sourire et son poème au bon citoyen et à l’enfant. 17 ans ont passé, ses bourreaux se sont anoblis et justice n’a jamais été rendue à Jacques et à sa famille.

Aujourd’hui, la mort est partout. Celle du proche fait pleurer et celle de l’autre apporte de la joie. Nous faisons semblant d’exécuter les grimaces les plus horribles pour parler de crise et en désignant avec facilité ceux qui la maintiennent. Mais, en réalité, le pays est en guerre. D’un côté, des terroristes et de l’autre des victimes résignées qui ont faussement appris que la révolte n’est qu’un sentiment.

Il se pourrait bien d’ailleurs que les soutiens de ceux qui portent leurs armes contre la population en tirent que des bénéfices financiers. Ce terrorisme n’est mu par aucune idéologie. La mort est simplement un vaste marché qui remplit les caisses d’entrepreneurs. Et tant pis pour la stabilité et la qualité de vie de la population.

À Port-de-Paix, nous sommes revenus au temps de la piraterie. Des trafiquants ont été pris la main dans le sac, arrêtés, défendus par leurs amis notables puis libérés. On peut comprendre que l’appât du gain aurait pu corrompre certaines personnes, mais à ce niveau, l’indécence et les activités criminelles n’ont plus de limites.

Nous avons déjà permis, dans notre pays, à des médecins de soigner cher et de tuer impunément. Nous avons fermé les yeux sur des propriétaires d’écoles cleptomanes qui dépouillent les parents pour mal former des  générations d’Haïtiens. Nous avons assuré la fortune de commerçants qui vendent des produits suspects aux prix qui les arrangent. Nous avons payé des églises pour faire du tapage nocturne, assassiner de petits Haïtiens dans les orphelinats, les violer et aussi pour nous faire la morale. Nous avons, malheureusement, dressé les narcotrafiquants en exemple de réussite et de probité. Nous dormons avec le mal. Nous l’entretenons en toute connaissance de cause.

Pauvre Jacques Roche. Il n’aimait ni la Bible ni les armes.

 

La Rédaction

 

 

 

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