De la place pour les idées, la compétence et le courage !

Il conviendrait d’admettre que la crise actuelle est un terreau fertile pour une littérature abondante qui contribue à alimenter un phénomène de défiance vis-à-vis des  institutions républicaines, des partenaires sociaux ou internationaux et des structures économiques ou politiques.  À ce titre, la crise du carburant de ces dernières semaines, greffée sur une économie en déliquescence et une situation sécuritaire qui échappe à toute logique,  ont fini de dévaster un pays qui, d’habitude, se présente au monde avec ses faiblesses, comme autant de défauts de fabrique.

 

L’instabilité d’Haïti étant structurelle, la stratégie de réhabilitation de la société et d’établissement d’une paix durable a de faibles  chances d’aider à la gestion de la crise. Ceci dit, il a fallu de multiples accords, de radotages, de guerre des caïds, d’exposition des égos pour arriver à la consolation d’une illusion. L’activisme politique stérile  toujours en bout de ligne.

 

Les voix pour  questionner cette indigence sont inaudibles. Cela se comprend, car toutes les catégories confondues de la population ont été touchées par la compression des activités  sans avoir eu le temps et la possibilité de s’organiser.  Le pouvoir, l’opposition et les gangs, dans les mêmes proportions stratosphériques, ont donné à la population une belle leçon d’impuissance. Toute une agitation, avec ses pugilats, ses règlements de comptes, ses incitations à la violence extrême, ses répressions sauvages et ses dérives cocardières, qui ne compte que pour du beurre.

 

Ce qui est frappant et inquiétant, c’est que les grands thèmes idéologiques sont les grands absents de la crise. Dans ce cas de figure, les technocrates sont sur le banc de touche ruminant les voies et moyens pour faire revenir la croissance et la confiance. Qu’on les lance dans la mêlée, sous condition et sous bonne garde !

 

À chaque fois qu’une promesse n’est pas tenue, à chaque fois qu’éclate un nouveau scandale, à chaque fois qu’une lutte est noyée dans la mesquinerie et l’amateurisme, un pan de la population désaffecte le champ de  la politique. Le simple citoyen, sans balises idéologiques et sans aucune forme d’adhésion  à un projet de développement du pays,  a compris qu’il n’a rien à gagner en faisant de la résistance. Le simple citoyen aura peut-être compris qu’après ces semaines de blocage et de bégaiement coupable des acteurs,  la seule façon de faire avancer les choses reste le recours à une gestion repensée et adaptée du pouvoir.

 

Le pays attend une parole digne et des actions qui visent la grandeur d’Haïti.

 

Que d’espérances déçues ? Le système, le dialogue, tout est traité sans épaisseur. En attendant, le vent fait des girouettes et la population, fatiguée, se dépolitise. Un peu plus.

 

Nous adorons nous faire peur avec la menace de l’apocalypse.

 

La Rédaction

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