Risque sismique : la place du système éducatif haïtien

Des scientifiques haïtiens et des spécialistes étrangers, très familiers au risque sismique, confirment l'imminence d’un tremblement de terre en Haïti.

Devant ces alertes renouvelées et renforcées, les responsables concernés devraient se mettre en branle pour organiser des simulations susceptibles d’aider la population à adopter les bons comportements face aux menaces naturelles, sachant que le pays est très exposé à ces menaces en plus du haut niveau de vulnérabilité des villes et des régions d’Haïti.

Dans un souci de contribuer à une meilleure planification responsable et participative des prochaines réponses à apporter aux futures victimes des catastrophes, les plus hautes autorités du pays devraient se mettre ensemble pour définir un nouvel agenda national en matière de prévention sur tout le territoire, en impliquant pour la première fois tous les acteurs stratégiques, en particulier l’ensemble des opérateurs du système éducatif. Pourquoi ?

D’abord, les infrastructures du système éducatif sont parmi les plus représentatifs dans la majorité des villes du pays, en dehors des équipements religieux ou administratifs publics, pouvant servir avant, pendant et après les catastrophes naturelles, quand ces infrastructures ne sont pas assez vulnérables pour devenir des pièges à rats.

Dans une démarche visant à intégrer le plus grand nombre de familles du pays, dans le cadre de cette campagne nationale de prévention des catastrophes, et en particulier des risques sismiques, le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, en collaboration avec le ministère de l’Environnement, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales ainsi que d’autres partenaires locaux et internationaux auront à lancer un programme de sensibilisation des écoliers, des étudiants, des professeurs et de tous les autres acteurs du système éducatif, incluant certainement les parents, pour promouvoir les gestes responsables, les actions intelligentes et les réponses solidaires, humanitaires et durables à appliquer lors des prochaines catastrophes !

Dans le calendrier scolaire 2021-2022, les salles de classe auraient pu disposer, une fois pour toutes, des affiches à la fois informatives, instructives et interactives, pouvant sensibiliser les écoliers sur la gestion des urgences, avant, pendant et après. Pourquoi initier un tel projet pilote dans le nord du pays ? Pourquoi impliquer le plus grand nombre des établissements d’enseignement au niveau préscolaire, primaire, secondaire, professionnel et universitaire ?

Dans les écoles, des activités de simulation devraient débuter dans les premières semaines de la rentrée des classes, au début de chaque trimestre ou période, afin de renouveler les leçons, et renforcer la cohésion dans les actions des élèves, pour une meilleure transmission de ces connaissances, compétences et culture dans leurs familles, leurs quartiers et d’autres communautés locales et virtuelles.

Durant les prochaines évaluations périodiques, finales ou officielles, des éléments relatifs à la gestion des risques devraient compléter les épreuves académiques. Ce qui obligerait tous les apprenants du système à renforcer l'apprentissage de ces notions essentielles en matière de prévention, de protection et de promotion des savoirs en matière de gestion des risques.

De quoi avons-nous besoin comme ressources pour lancer un tel programme et réussir une telle activité ? À qui profiterait une telle campagne impliquant le plus grand nombre d’acteurs du système éducatif haïtien ? Comment encourager les décideurs actuels et futurs à prioriser le bien-être de la population dans la liste des urgences et priorités ?

Il faut de la volonté politique la plus élémentaire pour bien gérer la cité. En utilisant au moins 10 % du prochain budget du carnaval national, il sera possible de concevoir, de produire et de distribuer un ensemble de supports pédagogiques, des plus diversifiés, pour atteindre le plus grand nombre des jeunes, des écoliers, des membres du personnel du secteur éducatif et enfin des parents.

Des affiches illustrant des messages pour sensibiliser la communauté éducative et la population, des leçons pratiques et des épreuves préenregistrées doivent être diffusées dans les salles de classe, sur les réseaux sociaux et dans les médias. Il en faut absolument des objectifs clairement définis, qui se déclinent dans les réponses à apporter en cas de catastrophes, pour protéger la population d’assister des prochains discours pompiers des plus stériles, qui viendront constater, déplorer ou sympathiser…

Dans tous les cas de figure, le secteur éducatif en Haïti, comme partout ailleurs, est plus que jamais indispensable et incontournable dans la sensibilisation de la population, et dans la préparation, de façon responsable, des générations actuelles et futures à faire face aux menaces naturelles multiples.

Dominique Domerçant
 

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