L’année de tous les dangers !

L’année 2018 aura été particulièrement éprouvante. La multiplication des bandes armées sévissant dans des quartiers populeux a atteint une fréquence qui rappelle les années de braise qui ont suivi le départ du président Aris¬tide. Les actions de ces bandes et les équipées criminelles de leurs chefs ont été massivement diffusées sur les réseaux sociaux. Cette habile mise en scène médiatique a entouré certains jeunes caïds d’une aura d’invincibilité souvent surfaite. Toutefois, l’implication supposée de hautes autorités dans la protec¬tion et l’entretien logistique de ces groupes a choqué l’opinion publique et mis à mal, une fois de plus, l’autorité morale de l’État.

L’année 2018 aura été particulièrement éprouvante. La multiplication des bandes armées sévissant dans des quartiers populeux a atteint une fréquence qui rappelle les années de braise qui ont suivi le départ du président Aris¬tide. Les actions de ces bandes et les équipées criminelles de leurs chefs ont été massivement diffusées sur les réseaux sociaux. Cette habile mise en scène médiatique a entouré certains jeunes caïds d’une aura d’invincibilité souvent surfaite. Toutefois, l’implication supposée de hautes autorités dans la protec¬tion et l’entretien logistique de ces groupes a choqué l’opinion publique et mis à mal, une fois de plus, l’autorité morale de l’État.

La pieuvre noire de l’insécurité a étendu ses tentacules jusque dans certaines villes de province jusqu’ici épargnées par ce mal qui répand la terreur. L’État y a aussi connu une honteuse déroute face aux accapareurs de terres. Ces nou¬veaux conquistadors du foncier ont leurs contacts jusque dans nos adminis¬trations et ne cèdent aucun pouce du terrain conquis au nom d’une douteuse légalité.

Sur le plan économique, la gourde s’affole et perd ses moyens face au dollar devenu un monstre vert implacable et dominateur. L’inflation galope dans la savane d’une économie qui a tout l’air d’un champ de ruines. La première se¬maine de juillet a vu le pays basculer dans une insurrection urbaine d’une rare intensité. La colère des « insurgés » alimentée par la hausse brutale des prix du pétrole a mis la ville en feu. Ces chaudes journées de juillet ont donné au pouvoir et aux élites toute la mesure du mécontentement généralisé. Tout se passe comme si la chaleur des revendications de l’été port-au-princien avait réchauffé le grand froid parisien ce dernier trimestre de 2008. À l’instar de nos Juillettistes, les Gilets jaunes français protestent contre la hausse du prix de l’essence et le renchérissement de la vie. Partout le mal vivre est dénoncé et semble faire écho à ces paroles de Louis Ferdinand Céline : « Ah ! Camarade ! Ce monde n’est, je vous l’assure, qu’une vaste entreprise à se foutre du monde ».

C’est au milieu de moult incertitudes qu’est né le mouvement Petrocaribe challenge. Une initiative de jeunes indignés qui réclament des comptes sur l’utilisation de fonds qui devrait être au bénéfice des plus pauvres. Ce mouve¬ment parti des entrailles de la société civile apporte un démenti à ceux qui écrivent trop facilement que ce peuple est indifférent à son destin. Toutefois, toute tentative de récupération pour en faire un instrument partisan de lutte politique ne pourrait que le faire sortir de ses rails d’équité et de justice et lui enlever sa pureté juvénile et patriotique.

Les jeunes du mouvement « Ayiti nou vle a » souhaitent un État plus respon¬sable, une société dynamique et productive qui ne jetterait plus son peuple à la mer. Leur mouvement qui se poursuit sous des formes multiples, réclame de meilleurs services publics dont services urbains d’incendie. C’est l’inexistence ou la défaillance des existants qui nous ont amenés à la catastrophe qui a frap¬pé Radio télé Kiskeya et qui a affligé l’ensemble de la corporation et provoqué l’émoi dans tout le pays.

Les accidents et incendies peuvent toujours se produire, et ce dans n’importe quel pays. Mais, lorsque les sapeurs-pompiers mettent plusieurs heures pour arriver sur les lieux, ou qu’ils se trompent d’adresse en allant jusqu’à Pétion-ville avant de redescendre vers la rue Villemenay est assez symptomatique de nos problèmes d’organisation. Peut-être ont-ils cru, candidement, qu’ils n’existaient plus… aucune institution en ville tant est grand l’état de délabre¬ment auquel est réduit le bas de la ville oublié et abandonné.

L’année 2018 nous tourne le dos, mais les difficultés sont devant nous. Au Na¬tional, nous sommes persuadés que la paix et la stabilité sont nécessaires au progrès, mais pour les maintenir, il faut éviter de creuser les inégalités et re¬donner foi dans l’avenir.

Les autorités de l’Exécutif et du Législatif doivent prendre de fermes résolu¬tions pour habiller de neuf un État rongé par les mites de la corruption et des trafics d’influence. L’opposition tout en jouant son rôle démocratique ne peut plus se contenter du somnambulisme politique dans les rues. Puisons donc dans nos réserves patriotiques, la force nécessaire pour infléchir cette doulou¬reuse pente descendante.

À l’orée de cette nouvelle année, cultivons l’espoir et la vigilance citoyenne pour qu’enfin notre pays change. À nos commanditaires et aux lecteurs, nous souhaitons, du fond du coeur, une bien meilleure année 2019.

Roody Edmé

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