La nécessité d’un new deal !

Le Gouvernement fonctionne depuis quelques jours sur un mode très offensif. Le locataire de la Villa d’accueil profite de la chute de tension dans la rue pour démarrer un train de mesures destiné à montrer que son administration prend désormais le taureau par les cornes. Côté sécurité, un important dispositif policier est déployé dans les rues d’une capitale exposée à tous les dangers. Sur le plan social, la subvention des produits alimentaires pour les ouvriers du parc industriel, la fin de certaines franchises douanières généralement accordées aux services publics et aux organisations non gouvernementales, et pour finir la nomination annoncée du juge Claudy Gassant à la tête de l’Unité de lutte contre la corruption, visent à restaurer un minimum de confiance dans des pouvoirs publics forts décriés. Et, comme pour montrer qu’il n’entend pas jouer au Don Quichotte, Jean Henry Céant s’est lancé dans une ambitieuse démarche diplomatique à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour s’assurer de certains appuis financiers. Toutefois, il faudra mettre tout cela en musique en évitant les habituelles cacophonies dans un environnement peu propice aux accords et harmonies.

Le Gouvernement fonctionne depuis quelques jours sur un mode très offensif. Le locataire de la Villa d’accueil profite de la chute de tension dans la rue pour démarrer un train de mesures destiné à montrer que son administration prend désormais le taureau par les cornes. Côté sécurité, un important dispositif policier est déployé dans les rues d’une capitale exposée à tous les dangers. Sur le plan social, la subvention des produits alimentaires pour les ouvriers du parc industriel, la fin de certaines franchises douanières généralement accordées aux services publics et aux organisations non gouvernementales, et pour finir la nomination annoncée du juge Claudy Gassant à la tête de l’Unité de lutte contre la corruption, visent à restaurer un minimum de confiance dans des pouvoirs publics forts décriés. Et, comme pour montrer qu’il n’entend pas jouer au Don Quichotte, Jean Henry Céant s’est lancé dans une ambitieuse démarche diplomatique à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour s’assurer de certains appuis financiers. Toutefois, il faudra mettre tout cela en musique en évitant les habituelles cacophonies dans un environnement peu propice aux accords et harmonies.

Mais comme soeur Anne, la population ne voit encore rien venir. La conjoncture économique et sécuritaire demeure on ne peut plus marécageuse. Et les avis de tempête politique se multiplient.

Le gouvernement a aussi ressuscité des programmes sociaux moribonds comme Kore etidyan, ti manman cheri et un nouveau produit dénommé kredi atè plat. En dehors de leurs dénominations quelque peu pompeuses et colorées à la limite du folklorisme, les observateurs doutent de l’impact réel de ces initiatives gouvernementales sur la qualité de vie des plus vulnérables. Nos journalistes ont dans différentes rubriques questionné les faibles montants en gourdes alloués aux bénéficiaires en rapport avec le gouffre inflationniste qui ne cesse d’aspirer les maigres ressources d’une population aux abois.

Dans un récent éditorial, Kendi Zidor relevait avec justesse que: « De nombreuses communautés continueront de vivre sans les services sociaux de base, car les sentiers d’envergure ne pourront être lancés… quand l’enveloppe des investissements est inférieure à un milliard de dollars américains ».

Il ne reste alors qu’à faire de l’humanitaire. Cependant, l’opinion publique est fatiguée de ces images montrant des compatriotes en rang recevant un plat chaud et/ou quelques produits alimentaires et obligés, devant des caméras inquisitrices, de louer la clémence et l’empathie d’un chef suprême et providentiel. Si nous voulons sortir de la charité politique, il nous faut mettre en place des programmes robustes qui pourraient avoir un impact réel sur le quotidien des gens. Les actuelles initiatives pourront pour un temps court donner le change, permettre d’occuper quelques chômeurs et réduire peut-être, les pressions de la rue, mais ne pourront nullement enrayer la chute interminable d’une économie restée trop longtemps improductive. Ce serait pure démagogie que de croire qu’avec d’aussi faibles moyens, l’État haïtien peut mettre en place des programmes sociaux plus résilients. Toutefois, en nettoyant les écuries d’Augias, il est possible de mettre fin au siphonnage de nos maigres ressources par une économie souterraine et criminelle.

La monnaie nationale exsangue et chétive n’est plus que l’ombre d’elle-même. Tous les matins, son état s’aggrave un peu plus. La Banque centrale a, semble-t-il, renoncé à la maintenir sous perfusion. Et cette politique du laisser-faire est un indicateur du pessimisme du principal opérateur économique quant à la sauvegarde d’une monnaie privée du sérum vital de la production et des investissements générateurs de croissance. Les rares bouffées d’oxygène venues en ces périodes de fêtes de la diaspora risquent de se raréfier en raison du climat général d’insécurité.

Le gouvernement travaille activement à nouer le fil d’un impossible dialogue. Ses adversaires politiques dévorés par une méfiance séculaire se détournent de l’hameçon que constitue à leurs yeux un éventuel pacte de gouvernabilité, dont seul le gouvernement Moïse/Céant, à leur avis, en tirerait profit.

Quoi qu’il en soit, le dialogue entre Haïtiens pour un new deal est une nécessité historique. Ce peuple attend d’être enfin gouverné ! Entre le théâtre vide que lui offrent les élus et la ligne tout aussi confuse et radicale faite de bruit et de fureur d’une fraction de l’opposition, le jeu semble pour le moment à somme nulle. Comme l’affirme, peu ou prou, l’ancienne ministre et écrivaine Christiane Taubira, dans les moments de désarroi, la parole politique ne peut plus se contenter d’être tribunitienne ou enflammée… mais doit être transformatrice.

Roody Edme

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