Quand notre culture survit

Pendant que le pays marque des pas sur place avec le refus perpé¬tuel des pouvoirs en place de prendre les mesures qui s’imposent pour rétablir la confiance et permettre ainsi aux institutions de fonctionner en toute liberté, le secteur culturel essaie de survivre contre vents et marées. Un secteur toujours minimisé, méprisé par les politiciens malgré l’évidence que la culture et les arts sont les seuls domaines où la performance compétitive de l’Haïtien est reconnue, ce qui permet à notre pays d’avoir droit, malgré tout, à un certain respect.

Pendant que le pays marque des pas sur place avec le refus perpé¬tuel des pouvoirs en place de prendre les mesures qui s’imposent pour rétablir la confiance et permettre ainsi aux institutions de fonctionner en toute liberté, le secteur culturel essaie de survivre contre vents et marées. Un secteur toujours minimisé, méprisé par les politiciens malgré l’évidence que la culture et les arts sont les seuls domaines où la performance compétitive de l’Haïtien est reconnue, ce qui permet à notre pays d’avoir droit, malgré tout, à un certain respect.

Le Festival de théâtre Quatre chemins a survécu aux turpitudes de ces dernières semaines grâce à la force de caractère de son di¬recteur et au dévouement à la fois des autres responsables et des comédiens. C’est un espace qui permet chaque année aux acteurs de scène et aux dramaturges de démontrer la vivacité, l’originalité de leur art même si ce secteur fait face à un manque effarant de structures dans un monde où la moindre cité digne de ce nom possède au moins une salle de théâtre répondant aux normes modernes.

Dans le même temps, plusieurs rendez-vous littéraires tenus et réussis ! Citons entre autres, le Salon du livre de Jacmel, Livres en liberté, toujours dans la même ville, les multiples interventions de C3 Éditions en milieux scolaires, le lancement par cette même maison d’édition de cinquante ateliers d’écriture avec l’appui, en¬fin, du ministère de la Culture, qui manifeste, sous la houlette d’un nouveau ministre, des velléités de s’engager sur d’autres voies. N’oublions pas aussi le succès du Salon du livre haïtien à Paris qui a permis de jeter un regard intéressant sur la produc¬tion littéraire haïtienne. Une présence très remarquée et aussi très réconfortante au début de ce salon tenu dans la Mairie du XVe ar¬rondissement de Paris ! Celle de l’ambassadeur d’Haïti en France. En général, les diplomates en poste ne manifestent aucun intérêt pour les seules activités haïtiennes donnant une image vraiment positive du pays à l’étranger.

Le constat, durant toutes ces activités, a été l’intérêt des jeunes pour la culture, et la littérature en particulier à condition qu’on leur offre cette autre manière de se divertir, de se distraire, d’apprendre à apprécier le Beau et le Vrai. Les pouvoirs en place et certains milieux d’affaires préfèrent offrir des moyens, surtout dans les quartiers populaires, pour des activités dévalorisantes qui rabaissent notre culture au niveau finalement de ces pro¬moteurs d’absurde et de chaos. Mais la flamme demeure malgré tout dans une jeunesse qui a maintenant sur le monde, grâce aux moyens modernes de communications, un nouveau regard et qui rêve donc à une autre Haïti, comprenant que l’étranger ferme ses portes et qu’il faudra bien en finir, ici, avec ceux qui refusent la vie à la majorité de notre peuple.

Il est triste de voir ces jeunes s’attarder devant les livres, certains conversant avec les auteurs, la plupart regrettant de n’avoir pas les moyens de s’acheter un exemplaire. Les bibliothèques af¬fichent toujours un cruel manque d’ouvrages. Avec un minimum de fonds publics – il suffirait de cesser de nourrir les gangs, de couper dans les privilèges octroyés à des politiciens et à des fonc¬tionnaires, et on pourrait initier une vraie politique d’appui au livre et à la culture en général, ce qui permettrait à nos jeunes de consommer nos produits culturels à des prix réduits.

On ne peut que rêver quand les loups campent dans la cité.

Gary Victor

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