Insécurité : la bête immonde !

Les fêtes de fin d’année approchent et les problèmes de sécurité s’accumulent à un rythme jamais enregistré ces cinq dernières années. La guerre des gangs se disputant des parts de marché ou des territoires, sans oublier les vols à main armée constituent le lot quotidien des citoyens. La situation s’est dégradée à la faveur d’un climat politique délétère, des problèmes de coordination entre le Gouvernement et les services de sécurité qui seraient, aux dires des officiels, en passe d’être résolus, et surtout de la précarité grandissante. Par ailleurs, les contrebandiers et autres brasseurs d’affaires dont les nerfs semblent à fleur de peau en raison d’une levée de boucliers contre la corruption ont démontré leur toute-puissance en pulvérisant littéralement un commissariat de police qui abritait des agents douaniers en fuite.

Les fêtes de fin d’année approchent et les problèmes de sécurité s’accumulent à un rythme jamais enregistré ces cinq dernières années. La guerre des gangs se disputant des parts de marché ou des territoires, sans oublier les vols à main armée constituent le lot quotidien des citoyens. La situation s’est dégradée à la faveur d’un climat politique délétère, des problèmes de coordination entre le Gouvernement et les services de sécurité qui seraient, aux dires des officiels, en passe d’être résolus, et surtout de la précarité grandissante. Par ailleurs, les contrebandiers et autres brasseurs d’affaires dont les nerfs semblent à fleur de peau en raison d’une levée de boucliers contre la corruption ont démontré leur toute-puissance en pulvérisant littéralement un commissariat de police qui abritait des agents douaniers en fuite.

Un autre facteur aggravant est la manière dont certains parlementaires recrutent leurs agents de sécurité. Des individus douteux, peu recommandables, connus pour leurs exactions sont du jour au lendemain couverts du manteau de l’immunité dont jouissent leurs employeurs de circonstance. Souvent, on voit des élus utiliser leur statut « d’honorable » pour faire libérer des hommes en contravention avec la loi. L’un d’entre eux a même été victime dans le passé d’un de ces criminels recyclés.

Ils ne sont certes pas les seuls à se servir à la table de l’insécurité. Certains politiciens voulant jouer aux seigneurs de la guerre disposent de leurs propres bases armées et ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Et cette pratique est, semble-t-il, devenue une fatalité depuis quelques années, et ce quel que soit le camp politique considéré. Au lieu de développer des programmes sociaux pour le relèvement des quartiers populaires, des secteurs politiques et/ou économiques choisissent la facilité de l’embrigadement de jeunes caïds au service de leurs intérêts particuliers.

Profitant aujourd’hui d’une certaine orgie médiatique, ces chefs de bande redoutables et redoutés tiennent le haut du pavé et font l’actualité. Leurs « exploits » criminels sont parfois présentés comme des actes de défi à un ordre social inique, et pourtant ils sont très loin des images mythiques de Robin des bois, leurs actions se rapprochent plus de celles de bandes criminelles qui sévissent dans certains pays du Triangle d’or d’Amérique centrale.

De cette situation, il en résulte un effet pervers pour une société déjà en pleine mutation. Victimes du chômage structurel, les jeunes dont l’horizon est obstrué par toutes sortes d’obstacles assistent, fascinés, aux exploits de ces nouveaux « chefs de la cité » sur les réseaux sociaux. Ces jeunes hors-la-loi constituent les modèles de l’heure : ils exposent leur toute-puissance dans les médias et s’imposent comme une alternative à la précarité et l’humiliation qui accablent nos « archipels de misère ». Ils font régner leurs propres lois et pactisent avec les puissants. Les riverains des quartiers où ils sévissent sont obligés de reconnaître leur autorité. Ils se substituent à la Direction générale des impôts et aux mairies de la zone métropolitaine et prétendent offrir de meilleurs services de sécurité que les forces légalement constituées. Les plus cléments promettent aux habitants de leurs quartiers d’opérer en dehors de leurs lieux d’habitation et de leur garantir une certaine paix armée en échange de charges mensuelles.

Ils ne sont pas tous des criminels endurcis. Certains ont vu leur vie basculer à la faveur d’une campagne électorale, lors de la visite d’un manitou de la politique qui cherchait à s’assurer une clientèle dans leur patelin. Tel chef de la zone de Belekou confie à des confrères qu’il a fait des études supérieures de niveau 2 en comptabilité. Il se sent désormais coincé dans son rôle de chef de bande, alors qu’au début il ne voulait faire que du… social. D’ailleurs, il se déclare même « socialiste ». Un de ces milliers d’autres itinéraires tout aussi dramatiques.

Les interventions policières étant sporadiques et provisoires en raison de la multiplication des zones dites rouges, les habitants de nombreux quartiers sont forcés à leur corps défendant, d’accepter temporairement, comme en temps de guerre, le joug de ces milices « d’occupation » d’un autre genre. Les autorités étatiques se déclarent très concernées par l’actuelle situation, et l’opinion publique attend dans les prochaines heures des mesures concrètes pour rétablir la paix des coeurs et des rues.

On peut parler ici d’urgence. En effet, en plus d’un problème de sécurité physique, il y va de la sauvegarde morale de notre jeunesse plus que jamais exposée à une violence urbaine d’une rare intensité ces derniers jours. Une exposition d’autant plus nocive qu’elle est renforcée par « l’accessivité » immédiate et l’interactivité du Net.

Roody Edmé

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