Un chaos aux conséquences incalculables

Aucune situation n’illustre mieux l’effondrement de l’État que le fait que des gangs prennent en otage pendant plusieurs mois toute une partie de la capitale. À force d’avoir attendu, on ne sait quel moment pour réagir, les autorités semblent avoir perdu un certain avantage dans l’opinion publique et dans la réalité du terrain. L’opération du 3 novembre au village de Dieu qui n’a conduit à aucune saisie d’armes n’a malheureusement pas amélioré la perception.

Aucune situation n’illustre mieux l’effondrement de l’État que le fait que des gangs prennent en otage pendant plusieurs mois toute une partie de la capitale. À force d’avoir attendu, on ne sait quel moment pour réagir, les autorités semblent avoir perdu un certain avantage dans l’opinion publique et dans la réalité du terrain. L’opération du 3 novembre au village de Dieu qui n’a conduit à aucune saisie d’armes n’a malheureusement pas amélioré la perception.

Les experts en sécurité ne cesseront de répéter combien il est délicat de mener une opération dans un quartier aménagé de façon anarchique. De plus, avec une collaboration quasi nulle des citoyens, la tâche devient plus qu’ardue pour les forces de l’ordre. Mais il y a un dilemme : plus on laisse s’écouler le temps plus les hors-la-loi gagnent en capital symbolique aux yeux de la population.

La question qu’on ne devait pas être amené à poser est aujourd’hui sur toutes les lèvres ? Qui a la longueur d’avance entre la police et les gangs ? La mise à prix de la tête du présumé bandit connu sous le prénom d’Arnel a provoqué de l’ironie sur les réseaux sociaux. On a peut-être raison d’en rire quand on sait que l’arrestation d’un « chef » ne provoque pas la dissolution de sa bande. Cette fixation sur le cacique de village de Dieu est d’autant plus troublante que son gang n’est ni le plus ancien ni le plus puissant de la capitale. « Combien offrirez-vous en échange de la capture de ceux qui ont fait disparaitre le journaliste Vladjimir Legagneur à Gran Ravin ? », demanderait-on au haut commandement de la Police pour faire ressortir le manque de cohérence dans le traitement de dossiers semblables.

De nombreux citoyens ont été tués impunément depuis que la capitale est morcelée en juridictions contrôlées par des gangs. La plupart des familles victimes ne se donnent même pas la peine de demander justice vu qu’il parait évident que le pays s’est éloigné de l’ordre républicain. Et les autorités, de leur côté, font semblant d’ignorer que des quartiers échappent à leur contrôle. Mais le pays risque encore plus gros.

En effet, un des dégâts les plus graves que peut causer ce laisser-aller dont profitent les gangs concerne la postérité. Dans les zones dites de non-droit, les adolescents adulent les bandits comme des super-héros. Ces derniers sont nommés affectueusement « commandants » ou « soldats ». Restant longtemps invaincus, les hors-la-loi passent pour des modèles de réussite dans leur entourage. Ainsi, il ne sera pas étonnant si on a, à l’avenir, de nouveaux “Arnel”, d’autres “Bourgogne” à Gran Ravin et encore plus de « Kris La » et de « Bout Janjan » à Ti Bwa et La Saline. Le glas du règne des bandits soutenus par des parraineurs aux mains puissantes doit définitivement sonner. L’enjeu est assez important pour porter les autorités à prendre des décisions courageuses. À moins qu’elles tirent un quelconque profit de ce chaos!

Kendi Zidor

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