La fascination des extrêmes

La peur est devenue un outil politique de premier plan dans le monde actuel. Jair Bolsonaro, le nouveau président du Brésil a gagné haut la main les élections dans son pays, en attisant les différences entre les Brésiliens. Son racisme décomplexé et son homophobie militante lui ont attiré les votes de millions de ses compatriotes aiguillonnés par le prosélytisme actif des Églises évangélistes.

La peur est devenue un outil politique de premier plan dans le monde actuel. Jair Bolsonaro, le nouveau président du Brésil a gagné haut la main les élections dans son pays, en attisant les différences entre les Brésiliens. Son racisme décomplexé et son homophobie militante lui ont attiré les votes de millions de ses compatriotes aiguillonnés par le prosélytisme actif des Églises évangélistes.


Le nouveau Parti social libéral s’installe désormais confortablement dans le paysage politique du Brésil sur les ruines du Parti des Travailleurs démoli par les multiples scandales de corruption et l’emprisonnement de son toujours charismatique leader Lula Da Silva.


Aux États-Unis ce mardi, les Américains décident de la direction que prendra leur nouveau congrès et du leadership de certains États clés de l’Union. Le Président Trump s’est montré très offensif au cours de cette campagne, agitant le spectre d’une Amérique envahie par de nouveaux « barbares », dans le cas où les démocrates remporteraient ces élections de mi-mandat. La caravane des migrants venus des pays d’Amérique centrale est présentée comme une menace sans précédent pour le territoire américain. Et la théorie du complot gagne les esprits les plus avertis, certaines pointures du Parti républicain évoquent même la présence d’individus louches venus du Moyen- Orient, suivez notre regard !


Le chef de l’Exécutif américain a lancé un appel pour l’envoi de troupes militaires à la frontière avec le Mexique. Ce faisant, il voit en ce défi migratoire, l’opportunité d’une autre mobilisation, celle des bases liées à la droite dure du Parti républicain. La nuit électorale américaine prend donc une importance encore plus symboliquement forte cette année. Les chiffres positifs d’une économie en pleine croissance vont-ils faire pencher la balance en faveur d’une radicalisation de plus en plus prononcée de la politique américaine ? Les démocrates sont pour l’heure en pole position pour obtenir la majorité à la chambre des représentants. Toutefois, les républicains pourraient garder un avantage certain au Sénat. Donald Trump a enfoncé un peu plus le bouchon sur l’immigration. Il se déclare prêt à revenir sur le droit du sol en faveur de fils d’immigrants. Une belle et longue bataille procédurière s’annonce donc au pays d’Abraham Lincoln et de Frederick Douglas.


En attendant, cette rhétorique enflammée a de lourdes conséquences dans la vie civile. Un jeune Noir de 9 ans du nom de Jeremiah Harvey a été accusé d’agression sexuelle par une femme blanche. Selon le journal français, Le Monde, la vidéo de la caméra de surveillance a démontré que le sac à dos du garçon avait frôlé le postérieur de Theresa Klein. Rien de plus, Madame Klein s’est bien sûr excusée. N’empêche que le garçon en pleurs est resté quelques jours traumatisé.


Récemment, un couple s’exprimant en espagnol dans un restaurant s’est fait apostropher par un individu qui leur reprochait de parler une langue étrangère. Il réclama avec force que ces personnes montrent leur passeport américain. On se croirait dans un film de Barry Sonnefeld, genre Men in black, ou la hantise d’une immigration intergalactique entretiendrait une angoisse telle que toute personne devrait montrer patte blanche. Heureusement la réaction des clients et du restaurateur ont été des plus saines en prenant la défense du pauvre couple.
Ces faits ne sont certes pas nouveaux en Amérique, mais l’impact d’un discours alarmiste venu du plus haut sommet de l’État risque d’empuantir le climat social. Ce que les journaux de la côte Est des États-Unis appellent the fear factor, est un paramètre non négligeable dans le pugilat électoral américain.


L’imaginaire américain hanté depuis toujours par certaines angoisses exploitées par le cinéma hollywoodien et bien rendu par le merveilleux roman d’Herman Melville, Moby Dick, est perméable à ce discours de forteresse assiégée.
Le monde entier scrute avec un intérêt particulier ce qui va se passer dans ce puissant pays dont l’équilibre institutionnel repose sur la balance des pouvoirs et les contre-feux d’une presse aujourd’hui décriée.

Roody Edmé

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