Jeunesse haïtienne : agir ou périr

Devant le chaos qui se dessine autour de l’avenir des jeunes en Haïti, les esprits sains n’ont nullement le droit de continuer à mentir à ces derniers leur faisant croire que le meilleur est à venir.

Dans ce contexte de déshumanisation des êtres, et de délabrement des institutions, si rien n’est fait pour redresser la barque, les jeunes du pays devront se réinventer une nouvelle terre pour survivre et éviter ce suicide collectif planifié.

Dans un plaidoyer initié par le docteur Frantz Toyo, à travers l’une de ses contributions publiques publiées en août 2009, autour du thème: « Haïti: une jeunesse sacrifiée », ce dernier nous dit dans les premières phrases: « Lorsqu’on décide de sacrifier l’avenir de la jeunesse haïtienne au profit d’un petit groupe, c’est [un plan] d’assassiner volontairement la République. Or, dans toute société, la jeunesse est toujours considérée comme l’axe pivot de la nation. Pour être explicite, la jeunesse est l’avenir de la nation ».

De ce qui reste comme valeur et comme repère, la devise « l’Union fait la force », traduite également à travers l’essence des sagesses suivantes « Men anpilchaypalou », « Yon sel dwètpamanjekalalou », constitue le seul et unique remède pour sauver le malade.

Dans toutes les villes et les quartiers les plus vulnérables, et dans la majorité des familles du pays, ils sont nombreux les jeunes à conjuguer les verbes partir, souffrir et mourir en permanence. En attendant, une mise en commun de ce qui reste comme énergie, comme résistance ou créativité, au-delà des souffrances, des frustrations et des indignations devrait contribuer à la renaissance inespérée pour plus d’un dans l'Haïti actuelle, rebelle au bien-être collectif, cruelle et mortelle.

Des associations pour les jeunes en Haïti, pour quoi faire ? Comment faire pour sauver les couches encore saines de la jeunesse actuelle sans passer par la création de nouvelles initiatives, de nouvelles coopérations et collaborations au sein des quartiers, des anciens élèves et étudiants, des professionnels et surtout des amateurs qui partagent les mêmes souffrances et pressions, visions et passions.
Pour le renouvellement de cette génération, il faudra miser sur la création des associations dans chaque secteur d'activité, dans chaque communauté.

Il faudra monter des associations pour mobiliser les ressources, non pas pour solliciter en permanence des subventions auprès des rares institutions et entreprises qui résistent pour ne pas fermer boutique ou des quelques hommes et femmes en réussite qui ont fait le choix de rester encore en Haïti. Il faut revitaliser les anciennes associations qui sommeillent et créer selon les nouveaux besoins de nouvelles associations capables de faciliter le plus de rencontres, de dialogues, d'échanges et de synergies, de partenariats entre les jeunes sur de nouvelles bases de confiance, d’empathie, de solidarité et d’intelligence collective.

D’une pierre plusieurs coups, en se mettant en association et en se lançant dans des initiatives collectives valorisantes, les jeunes, qui ne souhaitent pas investir dans les industries de la violence déshumanisante dans le pays, vont ainsi combler leurs temps à travers des réflexions, de la planification et de l'exécution de petits projets réalisés à partir des moyens mobilisés au sein de leurs communautés respectives.

Deuxièmement, cela ne peut que renforcer la confiance mutuelle entre les membres de chaque communauté tout en les inscrivant dans une forme de compétition entre les quartiers, les communes, les villes et les départements. Et enfin, la création de richesse, le développement des compétences et la maîtrise de nouvelles connaissances en dehors de la créativité sera au rendez-vous, en se lançant dans la vie associative, qui ne doit pas uniquement se réduire au groupement politique, et aux perpétuelles organisations qui revendiquent et reprochent sans jamais s’impliquer et mettre la main à la pâte.

Dans la vie associative, il est possible de convertir certains besoins communs en des sources de motivation et de mobilisation, en dehors des coups bas qui viendront de certains membres peu responsables qu’il faut châtier ou chasser afind’éviter le pire à l'avenir.
De la responsabilité des mairies de chaque ville du pays, en dehors du ministère des Affaires sociales et du Travail, et de l'Éducation nationale ou du ministère de la Culture, pour encourager les jeunes à s'organiser autour des idées communes, des projets porteurs, des activités récréatives et économiques qui serviront à satisfaire des besoins et à résoudre progressivement des problèmes au sein de chaque famille, communauté et des institutions sociales.

De nouvelles associations de jeunes manquent terriblement dans l’espace haïtien. À chaque problème et défi, s’impose le plus souvent la nécessité de rapprocher le plus de citoyennes et de citoyens pour discuter et décider ensemble sur les meilleures solutions à apporter. Jeunesse haïtienne: À l’asso, pour la survie, la solidarité et le sauvetage de cette génération ! Agir ou périr !

Dominique Domerçant

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