Le couteau sous la gorge !

Il fait très beau ! Le mauvais temps, on l’oublie vite quand on continue à danser sur le navire comme si de rien n’était. Les cales débordent de victuailles et les poches sont pleines, insouciantes à la dépense, car capables de faire face aux plus onéreux. Du pont du paquebot étant, on évite de jeter un regard par-dessus bord.

De toute manière, que verrait-on ? Les récifs ne seraient qu’une illusion, à la limite un complot de ceux qui veulent s’attaquer à l’ordre établi. Cet ordre qui permet de continuer à danser en aveugle sur la poudrière. Un ordre qui tient peut-être à laisser en place ce monde, comme un exemple parfait pour démontrer ce qui peut arriver à une société quand la gouvernance est au niveau de ces hors-la-loi qui, au temps du Far West, faisaient d’une ville leur chasse gardée.

La tristesse est certainement dans le camp des éducateurs, beaucoup moins dans le camp des religieux qui ont tendance à voir la main de Dieu même dans ce que dans son infinie bonté il ne saurait cautionner. S’il y a très peu de policiers par tête d’habitants, il y a plus efficaces pour protéger un ordre inhumain et prévoir tout dérapage dangereux pour les bandits légaux. Il faut du courage à un éducateur consciencieux en ces temps troubles pour inculquer les valeurs aux jeunes quand tout est fait, tout est orchestré, pour permettre toujours le triomphe du trouble, du glauque, de tout ce que cette société a de sombre perversité.

Les besoins dévoyés nourrissent des comportements suicidaires et on est fier d’afficher, torse bombé, une relative bonne santé rehaussée parfois par l’utilisation des produits qui éclaircissent la peau.

La tranquillité de nos dirigeants vient surtout de leur conviction qu’une grande partie des citoyens ne sont que des aigris qui, au fond, n’ont rien à reprocher au système sinon leur mise à l’écart de la grande table des réjouissances. L’argent et la corruption pourront toujours régler les problèmes qui se présentent dans une navigation à vue où l’état de la nation n’est pas la priorité. Thémistocle Epaminondas Labasterre, roman clé pour comprendre l’idiosyncrasie nationale, nous présente, avec adresse, certaines stratégies pour prendre d’assaut un système qu’on prétend honni tant qu’on n’est pas à ses commandes.

À cette grande entreprise suicidaire que gèrent si bien la plupart de nos politiciens, aucune force sérieuse ne s’y oppose. Dans combien de temps la population se rendra-t-elle compte que son espace physique non géré ne peut que déboucher sur une sorte de génocide ? Nous avons trop fermé les yeux sur la médiocrité, la vénalité de nos hommes politiques.

On planifie cyniquement, en jouant sur la faiblesse de notre société civile, prise en otage depuis des décennies par des affairistes aux ordres des pouvoirs, la destruction de ce qui faisait de nous une Nation en devenir.

La partie est-elle jouée ? Va-t-on revenir au parfait vagabondage ou, pire, entamer la trilogie de l’apocalypse ?

Le couteau sous la gorge, que devrait être le choix de la nation ?

 

La Rédaction

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