Des hommes et des juges!

Les conditions de détention en Haïti nous livrent un message fort et inquiétant sur l’état actuel de notre société et du degré d’humanité qui la traverse.  La prison civile de Port-au-Prince, si bien nommée le pénitencier national, est non seulement le plus grand centre carcéral du pays mais surtout un mouroir pour des citoyens détenus. Comme la présomption d’innocence est consacrée par le système judiciaire haïtien et que pour chaque condamné il y a huit citoyens en détention préventive, la justice, dans l’expression de sa lenteur, anime, avec une extrême barbarie, une association de malfaiteurs.

Les conditions de détention en Haïti nous livrent un message fort et inquiétant sur l’état actuel de notre société et du degré d’humanité qui la traverse.

 La prison civile de Port-au-Prince, si bien nommée le pénitencier national, est non seulement le plus grand centre carcéral du pays mais surtout un mouroir pour des citoyens détenus. Comme la présomption d’innocence est consacrée par le système judiciaire haïtien et que pour chaque condamné il y a huit citoyens en détention préventive, la justice, dans l’expression de sa lenteur, anime, avec une extrême barbarie, une association de malfaiteurs.

 Même si par ces temps de belle banalité et des colères qui font peu de vagues, il est évident que la situation carcérale haïtienne représente une menace certaine pour le grand projet, porté aussi par le président de la République ainsi que les derniers qui l’ont précédé, de renforcer l’État de droit en Haïti.

A partir des témoignages de ceux qui ont connu l’enfer du pénitencier national, on comprend que le pourrissement des conditions de détention est un mélange de deux pratiques : la détention préventive prolongée et la faillite de la gestion du pénitencier. Il ne s’agit plus d’erreurs judiciaires, de petits accidents de gestion. Le fait d’envoyer des suspects en prison et d’oublier de les juger relève d’une violence extrême.

Se lancer dans l’entreprise de comprendre le fonctionnement des systèmes judiciaire et pénitentiaire en Haïti, c’est s’engager dans l’explication d’une réalité qui dépasse, de loin, la fiction. Imaginons un instant que chaque prisonnier génère un produit de x gourdes, de son arrestation jusqu’à son enterrement, il devient clair que, selon une logique arithmétique, plus il y a de détenus, plus les profits seront élevés. Du juge à l’agent pénitentiaire en passant par les fournisseurs de service, les courtiers et les rentiers sur les transactions de l’État, un prisonnier rapporte beaucoup.

On ne peut pas non plus se bercer d’illusions, les conditions de détentions donnent du sens à l’engagement de certaines agences humanitaires et du poids aux rapports de certaines organisations de la société civile.

 Il faut cependant penser à relever ce défi. La mise en place d’une Commission présidentielle d’enquête sur la situation carcérale en Haïti, par arrêté du 24 février 2017, devrait, dans son rapport, restituer aux détenus leur statut d’êtres humains. Ce serait un minimum de conseiller au président de la République d’agir pour remettre l’être haïtien au centre de son projet de gouvernance.

 Les détenus du pénitencier national, y compris le faible pourcentage de condamnés, sont aussi membres de notre communauté et même en les punissant pour des manquements à leurs devoirs, ils détiennent encore des droits. Nous avons tant faim d’humanité !

 Jean-Euphèle Milcé

 Mérès Weche.

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