Les gorges chaudes

En plus d’assumer sa grande pauvreté, sous perfusion humanitaire, le pays -et il est annoncé depuis toujours- risque la faillite. De mémoire de citoyen, aucun prétendant à la présidence, qu’il soit de gauche, de droite ou équilibriste, n’a jamais fait l’économie de dénoncer le gaspillage, la corruption et de dévoiler les efforts à venir pour redresser les finances publiques.

En plus d’assumer sa grande pauvreté, sous perfusion humanitaire, le pays -et il est annoncé depuis toujours- risque la faillite. De mémoire de citoyen, aucun prétendant à la présidence, qu’il soit de gauche, de droite ou équilibriste, n’a jamais fait l’économie de dénoncer le gaspillage, la corruption et de dévoiler les efforts à venir pour redresser les finances publiques.

Des élections et certaines fois des compromis incompréhensibles, mais hautement politiques, naissent des pouvoirs. Puisque depuis plus de trois décennies, le peuple adore l’idée de s’accrocher à la démocratie, il s’accroche ainsi au principe de la transparence totale. L’État, à travers ses dirigeants choisis et investis, doit justifier tous les actes, du moins comptables, posés pour le bien de la collectivité.

« Je nan je » le peuple veille, recense les dérives, envahit les espaces de libre tribune, manifeste, raille. Autant d’attitudes qui participent au manque de confiance évident entre le peuple et ses dirigeants qualifiés de « magouilleurs » et de « gran manjè ».

 Entre temps, des nouveaux modes et outils de communication se sont installés. Avec l’utilisation généralisée des réseaux sociaux, la facilité de capter une preuve et la vitesse pour la diffuser ont renforcé la capacité de surveillance du peuple. Au nom de la transparence et en quelques mois, la République a pris connaissance de la lettre du sénateur Larêche à l’ambassadeur de la République Dominicaine ; d’un document de travail de l’UCREF se rapportant à la mise en accusation du président ; du chèque qui a avili Pierre Esperance et menacé l’existence du très nécessaire RNDDH, du joli chèque « poisson » du sénateur Lambert et plus récemment la lettre du ministre de l’Intérieur à son collègue des finances relative à un décaissement de 100.000.000 de gourdes, ironie de l’histoire, pour des raisons de sécurité au plus haut niveau de l’État, de renseignements et d’autres petits secrets qui auraient dû être bien gardés.

 Sans prétention de cautionner les actes de l’État, on peut chercher à comprendre comment une information qui n’a pas vocation d’être divulguée au grand public peut se retrouver en partage dans tous les réseaux sociaux. Cela peut-être une action militante d’un agent de la fonction publique. Mais dans tous les cas de figure, il s’agit d’un manquement professionnel grave et d’une violation du secret de fonction. Que dit la loi sur la fonction publique ? Les agents publics sont-ils astreints à des devoirs de réserve?

Autant qu’il est vrai que le peuple a besoin de transparence pour comprendre et connaître les processus d’engagement de l’argent public, autant qu’il s’inquiète que l’État soit constamment ridiculisé par ceux qui sont payés pour le servir et le protéger.

Heureusement nous ne sommes apparemment en guerre que contre nous-mêmes. Nous n’avons pas besoin d’imaginer le plan de défense du pays auréolés de millions de « like » et de « retweets ».

Jean-Euphèle Milcé

 Robenson Bernard

 Mérès Weche.

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