Si précaire sous-traitance !

Entre janvier et mai 2009, le Parlement haïtien a été le terrain de longues négociations politiques autour de l’ajustement du salaire minimum. Steven Benoit, à l’époque, député de la commune de Pétion-Ville avait porté ce projet comme un enfant malade. Le combat de Benoit, trop populaire pour être posément critiqué, a entrainé une large adhésion des forces organisées et militantes de la société, comme des associations d’étudiants et des organisations populaires. Le député et la rue ont donné de la voix, ont jeté les hauts cris avec force et intensité pour poser la question de l’équité salariale comme l’ultime projet de société capable de réconcilier les intérêts du gouvernement, des patrons et des ouvriers. Qui a gagné, qui a perdu ? Steven Benoit est passé sénateur de la République, avec un matelas confortable de voix, avant d’échouer aux présidentielles de 2015.

Entre janvier et mai 2009, le Parlement haïtien a été le terrain de longues négociations politiques autour de l’ajustement du salaire minimum. Steven Benoit, à l’époque, député de la commune de Pétion-Ville avait porté ce projet comme un enfant malade. Le combat de Benoit, trop populaire pour être posément critiqué, a entrainé une large adhésion des forces organisées et militantes de la société, comme des associations d’étudiants et des organisations populaires. Le député et la rue ont donné de la voix, ont jeté les hauts cris avec force et intensité pour poser la question de l’équité salariale comme l’ultime projet de société capable de réconcilier les intérêts du gouvernement, des patrons et des ouvriers. Qui a gagné, qui a perdu ? Steven Benoit est passé sénateur de la République, avec un matelas confortable de voix, avant d’échouer aux présidentielles de 2015.

 L’ADIH, le président René Préval, opposés à la proposition de faire passer le salaire minimum journalier de 70 gourdes à 200 gourdes, avaient souligné la nécessité de garder les salaires bas pour ne pas perdre les emplois dans un pays pauvre et caractérisé par son taux anormal de chômage.

 La bataille était légitime, mais elle n’a pas agi sur la protection des ouvriers les plus vulnérables, ceux qui travaillent dans le secteur de la sous-traitance. Pour preuve, les usines sont en grève depuis cinq jours, car les ouvriers réclament 800 gourdes de salaire par journée de travail. La situation est préoccupante puisque les entrepreneurs de la sous-traitance –si patrons qu’ils soient- vivent avec l’exigence de la compétitivité incluant les bas salaires et le respect des délais de livraison. Les donneurs d’ordre ou placeurs de commande ont créé cette dépendance pour mieux maximiser leurs profits. Il ne fait aucun doute que la mondialisation permet aux gestionnaires alertes d’enterrer les pauvres en Haïti pour aller en créer d’autres ailleurs. Travailler dans la sous-traitance ne peut pas mettre les ouvriers à l’abri de la précarité et calmer les angoisses des patrons.

 La loi Benoit avait le bon sens d’obliger l’État à suivre de près les données économiques pour réactualiser les salaires et en même temps les rapports entre la main d’oeuvre et le patronat. Le Conseil supérieur des salaires devrait, chaque premier mai, à la fête du travail, proposer son rapport d’observation des mouvements du coût de la vie pour que les salaires soient ajustés au prorata.

Le CSS et les acteurs sociaux ont failli. Ils ont fait semblant de ne pas comprendre qu’il ne s’agit point d’un problème d’un parc industriel ou du secteur de la sous-traitance. L’État haïtien, les travailleurs et les patrons sont mis à mal par la mondialisation. Le choix de créer du travail pour une main-d’oeuvre non spécialisée, uniquement pour l’exportation, et sans valeur ajoutée nous expose à des crises à répétition.

 Le gouvernement peut faire mieux que la proposition de subventionner les repas en usine à concurrence de 40%. Il est possible d’agir pour remarchander le travail en Haïti. La sous-traitance crée quelques fortunes et paie 300 gourdes par jour ; peut-être 500, 600, 800, 1000 gourdes demain ou jamais. C’est bon à prendre… quoique ce secteur contourne les besoins réels de production et ne contribue pas à la baisse des tensions sociales entre dirigeants d’entreprises et salariés.

Demain est un autre jour. On sait ce que fait la Police. On a entendu Sassine. On attend des nouvelles des dirigeants de l’État.

 Jean-Euphèle Milcé

Sans doute l’idée de bonne gouvernance que sous-tendent les mesures annoncées par JM n’exclut-elle pas que l’Etat ait un rôle social et économique à jouer à ce tournant de la vie nationale? L’instrumentalisation de l’Etat et le soupçon en sont, peut-être constitutifs. Comment supposer l’existence d’un gouvernement sans gouvernance et inversement, si ce n’est pour concevoir des fonctions dont tout système humain viable requiert l’exercice? C’est la question qui se pose. Car l’équipe au pouvoir est appelée à donner, dans une perspective explicitement fonctionnaliste, non pas des preuves de la gouvernance synonyme de la persistance systémique, mais la version progressiste d’un nouveau management public susceptible de mettre en lumière les enjeux, les marges mais aussi l’emprise des rapports possibles de pouvoir sur les attentes légitimes de la population.

 Robenson Bernard

 De nouveaux défis nous attendent au moment où nous célébrons cette semaine notre drapeau et l’Université. Ce n’est qu’en repensant la gouvernance générale du pays et en renouant avec nos valeurs profondes que nous trouverons le chemin de crête où enfin notre bicolore pourra fièrement flotter.

 Roody Edmé

 Mérès Weche

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