La barbarie urbaine !

Depuis bien des temps, le paysage urbain est en état de délabrement. Il est nécessaire d’insister sur l’importance de l’environnement dans tout projet de reconstruction nationale, mais aussi, et surtout sur l’amélioration urgente de la qualité de vie du citoyen haïtien. Les signes du renouveau doivent se matérialiser à travers la propreté de nos rues et un relèvement même progressif de l’habitat urbain. Toute chose, qui aura pour vertu de bien exposer aux yeux des nationaux et étrangers que ce pays est administré et qu’Haïti n’est pas un vaisseau fantôme.

 

 

Bien des jours, dans certains quartiers populaires, des bandes armées se sont accaparées du monopole de la violence légitime réservée aux forces constitutionnellement établies. On a eu droit sur les réseaux sociaux à la manifestation triomphante de l’impunité. Des chefs de gangs ont échangé des menaces à visage découvert. Ils ont de leur propre gré, et sur la puissance de leur artillerie, effectué un découpage géographique de leurs territoires et indiqué clairement les frontières sur lesquelles ils entendaient faire régner leurs propres lois.

 

 

Une situation qui est venue rappeler au citoyen lambda combien fragile était le climat sécuritaire. Ces évènements à la fois tragiques et ubuesques ont un impact certain sur l’économie du secteur informel et sur les bourses les plus vulnérables qui vendent et s’approvisionnent au portail sud de la ville. Entre-temps, les forces de police ont su reprendre en main la situation qui demeure fragile. Le silence des armes et le retrait apparent des caïds ne sont, cependant, que brume trompeuse d’un retour à la normale.

 

 

Les interventions de la PNH tout en étant dissuasives et déterminantes doivent aussi s’efforcer de gagner les cœurs et les esprits des riverains. Les citoyens n’ont pas à choisir entre bavures policières ou passivité des forces de l’ordre. La société civile doit réclamer de l’action et de la fermeté de la part des pouvoirs publics dans le respect des normes de l’État de droit. Dans cet ordre d’idées, les règles d’engagement doivent être claires pour éviter toute confusion sur les théâtres d’opérations dans les quartiers populeux.

 

 

Toutefois, la situation dans ces archipels de la misère réclame beaucoup plus que la simple répression. Une approche multidimensionnelle, impliquant le ministère de l’Intérieur et celui de la Sécurité publique, les mairies et les collectivités territoriales, est nécessaire pour corriger les inégalités criantes qui font le lit du grand banditisme.

 

 

Le relèvement des habitats ; un appui pédagogique et matériel aux écoles structurellement sinistrées de ces quartiers populaires ; la création de centres culturels ; la promotion d’activités solidaires et citoyennes ; les opportunités d’emploi et les investissements dans des activités procroissance sont des facteurs pouvant contribuer à l’intégration de ces populations exclues qui habitent une ceinture de feu autour de la ville, et qui sont forcées de vivre en marge de la loi.

 

 

La reconstruction ne peut plus attendre et les appels à un nouveau départ doivent déserter le discours des politiques pour s’incarner dans la transformation progressive de nos villes et campagnes. Nos villes deviennent des lieux d’entassement qui affaiblissent chaque jour le lien social.

 

Il y a sur cette question du paysage urbain, célérité dans l’urgence.

 

La Redaction

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