Des Haïtiens tentent de fuir le pays par tous les moyens

Alors que la situation sociopolitique et économique s’aggrave de jour en jour, de nombreux Haïtiens ont choisi de devenir des migrants pour échapper aux mauvaises conditions de vie dans leur pays. Entre la vie et la mort, certains ont fait face aux garde-côtes et aux mécanismes de sécurité frontalière mis en place par la République voisine.

L’émigration est devenue une échappatoire pour une partie de la population haïtienne qui ne sait comment tracer leur avenir dans cette situation d’incertitude générale. Si de nombreux ont émigré légalement, d’autres se voient dans l’obligation de contourner les lois sur l’immigration des pays d’accueil afin d’arriver à la destination souhaitée. Au cours de ces derniers jours, les tentatives de laisser le pays illégalement, par voie maritime, se multiplient et les Haïtiens en situation illégale, qui essaient de regagner la République voisine, sont plus nombreux, en train de rechercher un mieux-être que leur pays ne peut leur assurer.

Au large de Bahamas, 31 Haïtiens ont été interceptés, le 21 janvier, entre les Îles de Maycock Cay et Bouble Breast par le navire militaire « HMBS L.L. Smith » de la « Royal Bahamas Defence Force ». Sur le point de faire naufrage à cause qu’elle était surchargée, cette petite embarcation n’a pas pu épargner la vie d’autres individus à bord. Plus de cinq personnes sont portées disparues dans ce petit bateau qui était parti de Port-de-Paix, selon les témoignages des rescapés.

Selon le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (GARR), seulement pour l’année 2019, une dizaine d’embarcations de boat people ont été interceptées au large de Bahamas et des Îles Turques et Caïques. « L’exode rural, au départ transformé en émigration, a toujours été l’une des principales armes des communautés rurales pour surmonter la sécheresse, l’insécurité alimentaire, les inondations, bref l’exclusion. À destination des Bahamas, des Îles Turques et Caïques ou de la Floride, bon nombre de familles acceptent de fuir au péril de leur vie en quête d’une vie meilleure », indique cette structure spécialisée dans les questions migratoires.

Ces traversées se transforment souvent en réalité tragique pour les personnes à bord en raison de la qualité des embarcations et des conditions inappropriées du voyage en mer, souligne le GARR. Face à ce constat, le groupe dénonce le laxisme des autorités haïtiennes devant l’extension de ce phénomène qui demeure une entreprise très lucrative pour certaines personnes. Car, fait-il remarquer, le prix du voyage varie entre 1,000 à 3,000 dollars américains. Il invite les autorités haïtiennes à entreprendre des actions viables capables de garantir un minimum de bien-être à la population.

La République dominicaine aux abois

Malgré le renforcement des points frontaliers par l’envoi de nouveaux escadrons de militaires, les migrants haïtiens multiplient leurs tentatives pour arriver en République dominicaine. Selon les informations fournies par les autorités militaires, plus de 6,000 Haïtiens en situation irrégulière (30% de plus qu’en 2019) ont été refoulés à la frontière depuis le début du mois de janvier. Les migrants haïtiens font des tentatives osées pour contourner les obstacles de l’immigration. « Nous avons détecté du trafic haïtien dans différents véhicules, y compris dans des ambulances et des camions-citernes dédiés à la vente d’eau dernièrement au moins 20 Haïtiens clandestins ont été découverts alors qu’ils étaient cachés dans un camion chargé de cages de poulets vivants », ont rapporté les forces de l’ordre de la République dominicaine en poste à la frontière.

Outre de ces situations, les pratiques instaurées par des Haïtiens et Dominicains pour faciliter la traversée des migrants illégaux constituent un commerce illicite en prolifération. Des véhicules, bénéficiant le laissez-passer à la frontière, s’adonnent au transport de ces migrants pour défier les autorités dominicaines. D’autres migrants haïtiens ont emprunté la voie des forêts. Refusant les points frontaliers officiels, ils s’enfuient dans des champs pour se rendre là-bas à la recherche du minimum pour améliorer leurs conditions de vie. Selon les témoignages des habitués de cette voie, de nombreuses personnes sont mortes par balle ou par noyade au cours de ces traversées réputées dangereuses.

Quand ce n’est pas la guerre qui pousse les populations sur les routes de migration, c’est la condition de vie précaire à laquelle elles sont soumises. En Haïti, la situation sociopolitique et économique oblige des Haïtiens, par dizaine de milliers, à fuir le pays en quête d’une meilleure condition de vie pour eux et leurs familles.

Woovins St Phard

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