L’opposition demeure ferme sur sa position

Les bruits que la Présidence souhaite mettre sur pied un gouvernement d’union nationale incluant la participation des membres de l’opposition radicale sont de plus en plus insistants. L’opposition, de son côté, accrochée à l’Accord de Marriott, annonce la reprise des hostilités sans faire cas de ce qu’elle appelle : « la folie dictatoriale du président ».

Le 7 février prochain, le président de la République va courir sur ses trois ans au pouvoir. L’opposition, quant à elle, continue d’exiger son départ. Lors de la dernière sortie publique du chef de l’État, il s’en est pris au jusqu'au-boutisme des radicaux de l’opposition. Jovenel Moïse en a profité pour faire le procès de la Constitution qui, de son avis, limite sa capacité de gouverner. Par voie de conséquence il appelle à son changement.

« Depuis mon installation, j’ai les pieds et les mains liés à cause de cette Constitution », avait martelé le locataire du Palais national lors d’une intervention publique à Kenscoff le samedi 25 janvier 2020. Une approche rejetée d’un revers de main par le membre du MOPOD, Serge Jean-Louis, qui fait ressortir la ferme volonté du premier citoyen de la nation d’instaurer la dictature dans le pays. « La Constitution l’a-t-il empêché de construire des écoles de qualités dans le pays ; d’entreprendre des réformes au niveau du système sanitaire haïtien ; de prendre les mesures nécessaires pour remembrer la production nationale ; pour renforcer la diplomatie haïtienne et solidifier son rapport avec ses partenaires internationaux ? », se questionne l’ex-député qui qualifie le président d’apprenti dictateur sans culture et triture politiques.

Selon le signataire de l’Accord Marriott, le peuple haïtien, depuis 1987, a divorcé avec ces anciennes pratiques dictatoriales. La Constitution a certes des problèmes, avoue-t-il, mais avait prévu le processus pour arriver à son amendement. Les récents discours du garant de la bonne marche des institutions témoignent de sa volonté manifeste de réveiller les anciennes pratiques. « Jovenel Moise n’a pas l’autorité pour refaire la Constitution. Si le pays trouve la nécessité de le faire, il le fera à partir d’un dialogue national souverain. Cette Constitution en vigueur est la plus belle qu’a connue le pays. Le problème, c’est que les autorités pour des raisons mesquines décident de ne pas l’appliquer », fait-il savoir soutenant que le propre du chef de la diplomatie haïtienne c’est d’intimider, de massacrer et de pourchasser ses adversaires politiques.

Gouvernement d’union nationale : l’opposition en fait peu de cas

M. Jean-Louis n’a pas démenti les rumeurs faisant croire que des signataires de l’Accord de Marriott seraient en consultation avec le chef de l’État en vue de monter un gouvernement d’union nationale. Il a seulement dit qu’il n’est pas au courant. Le porte-parole de la Force de l’opposition progressiste (FOP), par ailleurs, croit qu’il serait inconcevable qu’un homme politique, engagé dans la bataille contre ce régime, ait négocié en catimini des postes dans le gouvernement d’un homme d’État décrié, malhonnête qui prend son plaisir seulement dans l’humiliation de ses adversaires. Et, à titre d’exemple, il cite, l’affaire Gassant. Aux dires du politique, le régime PHTK ne croit pas dans les institutions. Parallèlement, il n’écarte pas la possibilité pour que le MOPOD prenne part à un gouvernement de consensus, mais, insiste-t-il, pas avec Jovenel Moïse au pouvoir.

Plus loin, l’opposant au pouvoir, comme ses alliés de l’opposition se montre très optimiste quant au départ du président Moïse. « Depuis 1986, l’histoire nous montre qu’aucun président n’a perdu son pouvoir avant les fêtes de fin d’année. C’est normal qu’on ait une baisse de régime, à cause de ce phénomène culturel. La mobilisation va être reprise sur tout le territoire. Pour l’heure, nous sommes à la phase de préparation. Aux agissements dictatoriaux de Jovenel Moïse, le peuple a dit non », a mentionné M. Jean-Louis. S’agissant du chef de la nation, il a martelé d’un ton ironique qu’il n’y aura plus jamais de transition. « Je suis la dernière transition », a-t-il balancé, ignorant l’opposition qui non seulement veut son départ prématuré, mais menace de boycotter prochaines élections avec Jovenel Moise au pouvoir.

Daniel Sévère

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