Il faut combattre l'insécurité avec moins de mesures cosmétiques

Le Premier ministre Jean-Michel Lapin annonce l'achat imminent de matériels supplémentaires en vue de faire face au phénomène de l'insécurité dans le pays. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) parle d’un projet cosmétique. Selon son directeur exécutif, Pierre Espérance, d'autres mesures doivent être adoptées simultanément.

Il ne fait plus de doute que le phénomène de l'insécurité a atteint son paroxysme dans le pays. Les affrontements entre gangs armés continuent de faire des victimes sans compter les autres forfaits isolés recensés sur tout le territoire haïtien. En guise de stratégie pour reprendre le contrôle de la situation, le gouvernement démissionnaire annonce l'achat imminent de matériels supplémentaires en vue d'équiper l'institution policière qui affiche des signes de faiblesse ces derniers jours. Une annonce qui n'a pas dissipé les préoccupations du directeur exécutif du RNDDH.

Envisager d'équiper mieux l'institution policière n'est pas une mauvaise chose, croit-il. Cependant, il doute de la volonté réelle des hommes au pouvoir. Selon M. Esperance, il y a sept ans depuis que l'État haïtien avait fait l'acquisition de matériels blindés pour la PNH. Depuis le règne du PHTK, l'institution policière n'a reçu aucun accompagnement de l'administration centrale. Les gangs se sont multipliés et sont, de loin, mieux équipés que les forces de l'ordre. Préoccupé de la situation, il en profite pour dénoncer le rapport étroit entre ces civils armés et des officiels.

Selon M. Esperance, les gangs sont alimentés par des autorités de l'État et certaines personnalités du secteur privé. Les matériels dont ils disposent arrivent à franchir, sans contrôle, la frontière haïtienne. Seulement sous le règne de Jovenel Moise, le défenseur des droits de l'homme recense six massacres dans lesquels sont cités des noms de hauts cadres de l'État. À en croire le militant des droits de l'homme, personne n'est à l'abri de ce phénomène qui tend à devenir banal dans notre communauté.

Plus loin, M. Espérance plaide en faveur d’équipements appropriés pour la Police; d'une présence forte de l'État au niveau des quartiers populeux conjuguée à un accompagnement de la population civile de ces banlieues. Outre cela, l'État doit aussi prendre des mesures adéquates afin de freiner la contrebande dans le pays. Il est aussi nécessaire qu'il mette en fonction un service de renseignement opérationnel et efficace.

Daniel Sévère

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