Haïti : État où les forces de l’ordre ne sont pas en état

C’est avec stupéfaction ont accueilli le mercredi 22 janvier 2020, par voie de presse, la nouvelle que la Police nationale d’Haïti (PNH), la seule institution fonctionnelle chargée de la sécurité sur tout le territoire national, n’est pas en mesure d’affronter les bandits armés, surtout au niveau de la troisième circonscription de Port-au-Prince. De fait, le porte-parole de l’institution policière, Michel-Ange Louis Jeune a admis que les forces de l’ordre n’ont pas les moyens nécessaires pour affronter les gangs.

Le cadre de la Police nationale a fait cette déclaration quelques jours après que son institution ait échoué dans ses multiples tentatives pour rétablir l’ordre au boulevard Harry Truman, mieux connu sous le nom de Bicentenaire, et à Martissant. Cette situation a provoqué une vive tension et la panique est jusqu’ici omniprésente dans la zone. Pour démontrer leur force incontestée, le matin du jeudi 23 janvier, des individus armés ont été aperçus au Bicentenaire, la 5e Avenue Bolosse et Martissant 7, entre les commissariats de Portail Léogâne et de Martissant 1.

Des citoyens se demandent : comment des bandits armés ont pu repousser des professionnels de la sécurité publique, entrainés par des experts en la matière ? Qui finance les gangsters ? Ces individus armés auraient beaucoup de moyens que les autorités policières légalement constituées ?

En tout cas, le spécialiste en sécurité, Yves Cadet, a corroboré la confession du haut gradé de la Police nationale. Lors de ses interventions au niveau de la presse, M. Cadet n’a jamais mâché ses mots pour déclarer encore et encore que la Police nationale, à elle seule, n’est pas en mesure de protéger et de servir la population comme il conviendrait. Intervenant à l’émission Pacific Matin sur Radio Télé Pacific, le 21 janvier dernier, le spécialiste a rappelé que tous les pouvoirs de l’État et tous les secteurs de la vie nationale devraient s’impliquer dans cette lutte. Un rappel qui survient dans un contexte où des membres du Parlement haïtien et des agents de l’Exécutif seraient soupçonnés d’être de connivence avec des gangsters.

Si l’on croit M Cadet, l’impuissance de la Police face aux bandits de Martissant en particulier serait due à une indifférence tacite de l’État dans le domaine de la sécurité. De son côté, l’homme de loi Eddy Paul Fleurant s’est montré ébahi face à la confession du porte-parole de la Police. Mais la faute revient aux responsables au niveau de l’Exécutif haïtien, à son avis. Intervenant à Pacific FM, ce 23 janvier, il a exhorté les dirigeants à se servir des fonds destinés aux renseignements au profit de la sécurité de la population. « Ces fonds devraient être mis à la disponibilité des institutions chargées de la sécurité afin qu’elles puissent faire leur travail convenablement.

Vu que des parlementaires ont été indexés dans des rapports relatifs au banditisme dans le pays, l’avocat Eddy Paul Fleurant croit que l’on devrait aller plus loin pour mettre un terme à cette insécurité infernale. « Il faudrait un texte de loi visant à faciliter la levée de l’immunité de tout parlementaire qui serait de mèche avec les malfrats », a-t-il conseillé. En effet, de nombreux citoyens croient comme fer, comme indiqué dans des rapports parlementaires, que des gangsters auraient le support des membres de la 50e législature. Selon plus d’un, c’est l’un des facteurs ayant contribué à l’affaiblissement des forces de l’ordre par rapport aux forces criminelles.

Josué Pierre-Paul

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