Affrontements entre gangs rivaux à Martissant : des personnalités politiques dénoncent un laxisme d’État

Les gangs armés ont, à nouveau, repris du service dans la troisième circonscription de Port-au-Prince le weekend écoulé. Plusieurs victimes ont été recensées. Plusieurs personnalités politiques ainsi que des organisations sociopolitiques ont dénoncé énergiquement le laxisme des autorités, tout en accusant le pouvoir d’être de connivence avec les civils armés.

Les réactions n’ont pas tardé à venir après les sanglants affrontements entre gangs rivaux dans la zone du Bicentenaire, le weekend écoulé. Des structures sociopolitiques comme Vive Haïti et le Parlement populaire n’ont pas été avares en reproches à l’endroit de l’Exécutif qui, selon eux, aurait planifié ce forfait, en complicité avec les gangs armés en vue de faire diversion. L’ex-député de la troisième circonscription de Port-au-Prince, Printemps Bélizaire, quant à lui, qualifie de révoltante la situation tout en invitant les protagonistes à penser d’abord au développement de la troisième circonscription au lieu de continuer à se quereller.

Selon Jean Eddy Jean Baptiste du Parlement populaire, la situation sécuritaire du pays est catastrophique. Sur ce plan, dit-il, le pays n’existe plus. Le chef de l’État en sa qualité de garant de la bonne marche des institutions est en train, précise-t-il, de servir deux catégories de citoyens haïtiens. D’un côté, les riches et les privilégiés qui vivent sereinement sous haute escorte sécuritaire, et, de l’autre, la masse populaire dépourvue de tout et, qui pis est, livrée à elle seule. Prenant en exemple la communauté de La Saline, M. Jean Baptiste dénonce une situation d’irresponsabilité criante de l’État et le caractère discriminatoire des interventions pilotées par les autorités haïtiennes.

D’après le parlementaire populaire, la situation d’insécurité va se renforcer dans les jours qui viennent. Pour lui, ce n’est qu’un début. En vue de pallier la situation, le responsable politique appelle la population à s’auto sécuriser, car, abandonnée à son sort, c’est à elle d’assumer ses responsabilités. « Laissée pour compte, la population à intérêt à choisir son président », lâche-t-il.

Le coordonnateur de Vive Haïti, Biron Odigé, abonde dans le même sens. Selon lui, malgré les assassinats récurrents au Bicentenaire, le chef de l’État continue de se murer dans le silence. Cette indifférence du locataire du Palais national, juge-t-il, est une preuve de la complicité du pouvoir avec ces civils armés. D’après Biron Odigé, Jovenel Moise est l’auteur intellectuel de ce forfait, car, fait-il savoir, il alimente la situation dans l’idée d’orienter la population vers d’autres préoccupations dans le but de disposer de tout le temps qu’il lui faut pour appliquer ses stratégies politiques. Cette diversion a pour objectif d’empêcher la poursuite de la mobilisation populaire. L’homme politique appelle par ailleurs les belligérants à penser à leur avenir. « Je leur invite à se ressaisir et mettre ces armes au profit de la population », précise M. Odigé qui met en garde les gens armés, car la loi finit toujours par triompher.

Printemps Bélizaire prêche le vivre ensemble

Ancien représentant de la troisième circonscription de Port-au-Prince à la cinquantième législature, Printemps Bélizaire évite de donner une couleur politique à ce qui s’est passé le weekend écoulé dans sa circonscription. Selon lui, cette situation est vieille de plus de dix ans. Et, martèle-t-il, elle a une base sociale contrairement à ce que défendent les politiciens traditionnels. M. Bélizaire, plus loin, n’écarte pas non plus la possibilité que des hommes politiques puissent exploiter la situation. Qualifiant de révoltante la situation, l’ex-parlementaire critique les autorités de l’État qui ne montrent ne serait-ce qu’une velléité à reprendre le contrôle dans la zone. À cet effet, il invite la PNH à renforcer la sécurité au niveau de la troisième ainsi que les hommes armés à la réconciliation. Pour le membre de l’opposition radicale, l’heure est à la conscientisation en vue de défendre l’intérêt du bloc.

Daniel Sévère

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