L’opposition politique se contredit

À la suite du ramollissement de la mobilisation en décembre dernier, l’opposition politique avait annoncé une nouvelle méthode dans la bataille contre le pouvoir. Un des porte-parole de l’Alternative consensuelle pour la refondation de l’État avait concédé que les manifestations se dérouleraient en week-end et en soirée, ce, pour permettre à la population de vaquer librement à ses activités et aux élèves de pouvoir sauver l’année académique. Paradoxalement, en conférence de presse le mardi 14 janvier 2020, cette même opposition a annoncé le contraire: la mobilisation va reprendre avec les mêmes objectifs et la même intensité des mois de septembre à décembre.

Pour sa première sortie en conférence de presse pour l’année 2020, l’Alternative consensuelle contredit son porte-parole. La population n’aura pas de repos pas avant que le chef de l’État ait présenté sa démission à la nation. Dans un contexte où tout semble jouer au bénéfice du locataire du Palais national, l’opposition silencieuse, hésitante et, vraisemblablement, en baisse de régime, croit encore à l’appui de la population, celle qui a forcé la trêve non voulue ni accordée par les dirigeants de ce bloc politique.

En l’espace de moins d’un mois, le discours a changé. « Le retour au calme passera dorénavant par le départ du chef de l’État , a martelé, André Michel qui auparavant annonçait que l’opposition avait changée de stratégie juste pour soulager la population. En vue de défendre, ce qu’elle appelle, l’intérêt de la population, l’opposition politique soutient que la lutte sera des plus rudes. À cet effet, elle attire l’attention de la communauté internationale. « Il n’y aura plus jamais de sérénité ni d’élections avec Jovenel Moïse », précise l’avocat qui annonce un soulèvement populaire monstre pour les jours à venir.

Pour montrer qu’ils n’ont pas l’intention de plaisanter, Schiller Louidor invite la population à se préparer au pire. « Lase bòt nou », exhorte-t-il. D’un autre côté, André Michel appelle la population à placer sa confiance dans l’opposition tout en qualifiant le chef de l’État de délinquant et d’assassin.

Les mandats des sénateurs Cassy et Latortue seraient la base de ce virement

Jusqu’au 13 janvier, les membres qui intervenaient dans les médias avaient gardé un profil bas pour dissuader le locataire du Palais national de commettre l’irréparable en consacrant le départ des deux tiers du Sénat. Des chefs de l’Alternative se sont estimés lésés, l’opposition revient à la charge.

« Les sénateurs de l’opposition ne sont pas attachés au mandat. Maintenant les conditions pour un vrai tabula rasa sont définitivement posées. Il renvoie le Sénat pour mettre dehors les sénateurs Cassy et Latortue. Malheureusement il s’est trompé, car, ces parlementaires en question sont plus déterminant lorsqu’ils luttent de l’extérieur », d’après André Michel et Schiller Louidor. Agissant ainsi, Jovenel Moïse à joué la carte antidémocratique, juge l’ancien candidat au Sénat qui dit penser que le chef de l’État, contrairement à ce que pense plus d’un, n’a plus de marge de manœuvre.

Soulignons dans la foulée l’instabilité qui caractérise cette opposition dite unifiée. Les discours ne concordent pas. Une mésentente sous-jacente se fait sentir. Les membres de l’Alternative consensuelle quant à eux ne donnent pas gage qu’ils sont du côté de la population. Des positions contradictoires se cumulent, mais optimistes, ils croient qu’ils ont encore la même force de pression.

Daniel Sévère

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