Le choléra en Haïti, un tremblement de terre sanitaire passé sous silence…

L’épidémie du choléra en Haïti ne cesse de semer le deuil au sein de la famille haïtienne. Elle marque encore les esprits de nombreuses victimes qui sont restées sans voix par rapport à leur demande de justice, ces victimes du choléra sont inscrites dans la mémoire de l’oubli.

En octobre 2010, quelque mois seulement après que le pays ait été dévasté par un puissant séisme, Haïti a été frappée par une autre tragédie humaine : une flambée épidémique du choléra. Les Haïtiens ont vu les membres de leur famille et leurs amis souffrir de sévères diarrhées et mourir dans les quelques heures qui suivirent l’apparition des symptômes. Selon le ministère de la Santé publique et de la Population, en date du mois, d’octobre 2011, le bilan était fatal, l'épidémie avait déjà infecté, plus de 457 582 personnes et provoqué la mort de plus de 6 477 individus. Cette situation traduit fidèlement ce proverbe haïtien : «abse sou klou ».

Cependant, l’épidémie de choléra n’était pas tombée du ciel. Selon la demande de réparation soumise au secrétaire général de l’Organisation des Nations unies le 3 novembre 2011 par des avocats pour les requérants : Mario Joseph, Brian Concannon, Ira Kurzban, « de nombreuses études, incluant celles de l’ONU, des centres de contrôle et de prévention de maladies situés aux États-Unis, de la Commission d'enquête intergouvernementale franco-haïtienne du Dr Renaud Piarroux et de l’Institut de vaccins internationaux de Séoul en Corée, ont montré que le vibrio choléra a été introduit dans les eaux haïtiennes par le personnel de la MINUSTAH en provenance du Népal. Jusqu’à ce que les actions de la MINUSTAH provoquent l’apparition du choléra, Haïti n’avait reporté aucun cas de choléra depuis plus de cinquante ans. Le responsable médical de l’armée népalaise, le docteur brigadier général Kishore Rana, a déclaré qu’aucune des troupes népalaises déployées au sein de la MINUSTAH n’avait été soumise à des dépistages du choléra avant leur arrivée en Haïti. »

L'apparition du choléra est directement imputable à la négligence, à l'irresponsabilité et à l'indifférence délibérée de l’ONU et de sa filiale, en Haïti la MINUSTAH ; quant à la santé et à la vie des citoyens haïtiens, garantie par l’article 19 de la constitution de 1987, l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’article 12 (1) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, l’article 3 et l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Si le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a reconnu la responsabilité de son organisation dans l'introduction du choléra en Haïti, l'aspect relatif à l'indemnisation des victimes demeure un point litigieux. Le jeudi 3 novembre 2011, plusieurs victimes sont sorties de leur silence. Environ 5000 Haïtiens victimes du choléra ont porté plainte contre l’Organisation des Nations unies et la MINUSTAH en Haïti, pour les dommages et préjudices causés par l’introduction de l’épidémie du choléra en Haïti, en octobre 2010. Les responsables du Bureau des avocats internationaux (BAI), qui défendent les familles des victimes du choléra, réclament une indemnisation des victimes par l'ONU en plus de l'engagement dans la lutte pour l'éradication de l'épidémie. Cette requête est conforme à l’accord entre l’Organisation des Nations unies et le Gouvernement haïtien concernant le statut de l’Opération des Nations unies en Haïti, SOFA signé le 9 juillet 2004. En vertu des articles 54 et 55 du SOFA, l’ONU doit dédommager les tierces parties victimes de maladies ou de décès imputables à la MINUSTAH. Cependant, l'ONU n'a pas établi la Commission permanente des réclamations chargée de recevoir les plaintes telles que cela est requis par le Status of Forces Agreement (SOFA). Suivant, un rapport publié en juillet 2013 par des chercheurs en droit de l’université de Yale (États-Unis) (...), l’ONU a enfreint ses obligations contractuelles envers Haïti en refusant de créer une commission d’indemnisation.

Le droit est du côté des victimes du choléra qui réclament justice et réparation. Tenant compte de l’impact que le choléra à eux sur eux-mêmes et sur leurs familles du point de vue physique, psychologique, social et économique. La violation des droits d’une personne est par ricochet la violation des droits de tous les hommes, car cette personne nous ressemble, nous reflète de par son humanité qu’il soit blanc, noir ou jaune. La voix de chaque victime du choléra compte et ne doit pas être réduite en silence, il faut s’assurer que justice soit faite.

Naïma MICHEL

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