12 janvier 2020 : en route vers le Palais national…

Dans la grande salle du prestigieux temple des plus grands rendez-vous réalisés au Centre-ville de la capitale, dédié à la mémoire d’Antonio André, le premier gouverneur de la Banque de la République d’Haïti, s’est tenue au centre de convention de la BRH, le mardi 7 janvier 2020, la séance de présentation publique des propositions des quatre (4) finalistes pour le choix du projet gagnant du concours d’architecture pour la reconstruction du palais national. « An nou rekonstwi palè nasyonal la ».

Dernière ligne droite vers le dixième anniversaire du séisme du 12 janvier 2010, date à laquelle le président de la République Jovenel Moise, va annoncer officiellement le choix définitif du jury parmi les quatre concepts architecturaux, qui associent les multiples dimensions historique et esthétique, fonctionnelle et moderne, ergonomique.

Désormais 4 nouvelles propositions, les unes les plus impressionnantes que les autres vont s’ajouter dans la collection des projets architecturaux visant à construire le premier bâtiment public de la République, qui n’est autre que le palais national, également appelé palais présidentiel.

Des neufs personnalités qui composent le jury du concours d’architecture en vue de définir le parti architectural du bâtiment historique du palais, selon les prescrits de l’arrêté du 6 juillet 2018, parmi lesquels on peut citer : Alix Cinéas, Viviane Saint-Dic, Rose May Guignard, Marie Édith Hilaire, Rudolphe Dupuy, Béatrice Brun, Marcia Codinachs, Yves Fritz Joseph et Fritz Auplan, sortira le choix définitif du prochain palais présidentiel qui remplacera l’ancien bâtiment construit par l’architecte Georges Baussan, détruit le 12 janvier 2010, lors du tremblement de terre.

Du sol sortira dans les années à venir le prochain palais présidentiel qui portera les empreintes de l’une des quatre propositions répondant le plus que possible aux critères établis.

Le groupe AEDIFICA Sud propose un palais hautement symbolique, original et écologique !

Dans la première proposition du nouveau palais national, nous sommes invités à découvrir un bâtiment complètement futuriste, qui propose une nouvelle représentation autour du thème « Ascension nationale : yon lòt palè, yon palè nèf » selon le groupe : AEDIFICA Sud. C’est une œuvre qui invite une conversation entre le peuple haïtien avec son palais. Dans ce palais, les architectes entendent combiner les trois grandes dimensions temporelles comme le présent, le passé et le futur. Ces trois temps vont se décliner autour des trois étapes : moment de mémoire, moment du patrimoine et moment d’espoir.

Dans cette œuvre magistrale, la représentation du symbolisme est plus que visible. On retient les trois foyers autour de la coupole, les deux étages où sont reparties les principales salles pour l’administration, la résidence du chef de l’État, la salle des bustes et les autres salles de réunion et de sécurité, etc. 216 colonnes symbolisant les 216 ans de l’indépendance haïtienne vont supporter la toiture de ce bâtiment. Chaque colonne va mesurer 18. 04 mètres de hauteur pour rappeler la date historique de 1804.

Le groupe : « Archivolt S.A./Rodney Léon et Associés », présente un bâtiment sécuritaire, fonctionnel et magnifique !

Dans la deuxième proposition du palais présidentiel, se résume l’argumentaire du groupe « Archivolt S.A./Rodney Léon et Associés », dans les termes suivants : « Un palais pour le peuple. Un palais qui place le peuple haïtien, l’histoire et la culture au centre physique et spirituel de la renaissance d’Haïti ». C’est : « Un bâtiment sécuritaire, fonctionnel et magnifique », rassure l’architecte Lesly Voltaire lors de la présentation du projet.

Derrière cet ambitieux projet architectural qui rappelle bien des lignes de l’ancien palais construit par Georges Baussan, mais totalement orientées vers la modernité, ont peut retenir que : c’est un palais à quatre façades, un palais en retrait qui sera moins visible, un palais qui va s’aligner avec la cité administrative, c’est un mémorial qui va intégrer la ville précise l’un des maitres à penser de cette œuvre qui prend en compte un ensemble de fonctions administratives, des espaces traditionnels et conventionnels revus et corrigés qui confirment que les auteurs sont des habitués de l’ancien palais détruit lors du séisme.

Le groupe : « CECOM consultants/Ameller Dubois-Bieb, Khelif et Adret », propose un palais combinant l’ancien bâtiment, la modernité et l’écologie !

Dans la troisième proposition du premier bâtiment de la République, c’est le mariage architectural entre la modernité et l’histoire qui est célébré dans cet ambitieux projet patrimonial si important pour l’image et le prestige des institutions publiques. C’est un système novateur, avec des éléments qui vont isoler le bâtiment du sol pour rester fonctionnel avant, pendant et après le tremblement de terre.

Dans ce projet combinant les expertises et les expériences de plus de quatre firmes haïtiennes et étrangères, nous sommes appelés à découvrir une vision contemporaine greffée à partir de la façade de l’ancien bâtiment détruit lors du séisme. Dans une démarche durable, le porteur du projet a jugé bon de rappeler qu’il y a un système de formation prévue pour le personnel qui va utiliser le bâtiment, qui doit disposer des connaissances et des compétences pour pouvoir bien gérer et maintenir un tel équipement.

Le groupe : « Raco Deco / Adyaye Associés », propose un palais présidentiel intégré, inspirant et imitant totalement l’ancien bâtiment !
Dans la quatrième proposition visant la reconstruction servile de l’ancien bâtiment, intégré dans un nouvel environnement totalement rénové, c’est l’espace du Champ de Mars qui sera revisité dans toutes ses composantes. Ce projet va désormais placer le palais national ente la tour 2004 et une nouvelle pyramide qui sera construite en mémoire des milliers de victimes du séisme du 12 janvier 2010.

Dimension hautement symbolique, nous devons tous retenir que la pyramide représente la plus haute et la plus prestigieuse construction destinée à la mémoire des morts. Une manière particulière de rendre hommage à ces victimes du séisme. Plus qu’une simple reconstruction du palais présidentiel qui sera totalement reconstitué dans toutes ses composantes, c’est tout l’environnement immédiat de ce bâtiment symbolique qui sera réaménagé, pour offrir au pays la création d’une avenue de la renaissance, incluant la pyramide comme mémorial et le détachement du bâtiment présidentiel des autres structures administratives pour mieux renforcer le prestige du premier bâtiment public du pays.

Différents spécialistes en architecture, dans la construction des grands bâtiments et des techniques de construction parasismique, paracyclonique et d’autres spécialistes haïtiens et des étrangers venus de la diaspora haïtienne, de la Caraïbe, en Amérique du Nord, comme le Canada, en Europe, notamment en France et en Espagne, et en Afrique, se complètent dans la conception de chacun de ces projets ambitieux.

Des experts haïtiens et étrangers ont ainsi défilé lors des présentations pour tenter de convaincre autant les membres du jury et le public. On peut retenir : Le groupe « AEDIFICA Sud », est composé de : Michel Lauzon, Garry Lhérisson, Patrick Vieux, Jean Jacques Coicou, Lenin Cruz. Le groupe : « Archivolt S.A./Rodney Léon et Associés », a été représenté par : Robert OTani, Rodney Léon, Lesly Voltaire, Lionel Allen, Henry Robert Jolibois, Luigi Voltaire, Isabelle Werway Délatour, Régine et Arielle Fabius.

Dans le groupe : « CECOM consultants/Ameller Dubois-Bieb, Khelif et Adret », on retient les noms suivants : Axan Abellard, Jean Richard Elie Pierre, Philippe Ameller, Jacques Dubois et Didier Deris. Le groupe « Raco Deco / Adyaye Associés », est représenté par : David Adjaye, Cassandre Méhu, Joe Franchina, André Dupras, Kahila Hogarth, Ginette P. Mathurin, Yves Lopez, Emile Milihim, Bayyinah Bello et Suze Mathieu.

Des similitudes dans les projets disposent d’un bassin pour représenter l’élément eau qui symbolise la vie. Des espaces verts pour purifier l’air, ainsi que des formes circulaires très visibles tant dans la construction du bâtiment que dans l’aménagement de son environnement immédiat, en dehors d’un mémorial destiné en l’honneur des victimes. L’écologie et l’intégration urbaine, les traditions et la modernité sont parmi les constances dans ces visions proposées et partagées autour de ce que serait le futur palais.

Des démarcations dans la conception : Le groupe AEDIFICA Sud s’est totalement démarqué dans la représentation de l’ancien palais national, pour nous offrir un nouveau regard sur un somptueux bâtiment symbolique, original et écologique. Les deux groupes : « Archivolt S.A./Rodney Léon et Associés » et « CECOM consultants/Ameller Dubois-Bieb, Khelif et Adret », se sont inspirés de l’ancien bâtiment détruit le 12 janvier 2010, pour proposer un nouveau concept totalement rénové à partir d’un mariage entre le passé et le futur. Le groupe : « Raco Deco / Adyaye Associés », tente de faire d’une pierre deux coups. Il se propose de reconstruire servilement l’ancien palais présidentiel de Georges Baussan, tout en recomposant l’environnement immédiat de l’édifice, à partir de la construction d’une pyramide qui rappelle autant les secrets et la grandeur de l’Égypte, que même les États-Unis utilisent dans leurs monnaies et des monuments architecturaux.

Des considérations dans la forme et le fond de ses propositions qui seront explorées dans toutes leurs composantes architecturales et structurales, fonctionnelles et esthétiques, en lien avec les exigences des constructions et les standards modernes au niveau international. De la présentation à la communication, les membres du jury seront certainement dans l’embarras du choix, par rapport à l’originalité et la pertinence de ces projets. Combien coûtera le prochain palais au trésor national ? Quels sont les non dits en termes de sureté, de sécurité et des secrets à préserver dans la construction du prochain palais présidentiel haïtien ? Comment le prochain palais national va-t-il rivaliser celui de la République dominicaine, des autres pays de la région et pourquoi pas la maison blanche ? Quels sont les véritables critères esthétiques, techniques, économiques et politiques qui vont déterminer le choix du projet définitif parmi les quatre propositions présentées le 7 janvier 2020 qui rappelle le dernier coup d’État avorté réalisé par le Roger Lafontant ? Quel sera le prochain président haïtien qui va inaugurer et occuper le prochain palais reconstruit ?

Dans la salle figuraient des invités spéciaux issus des différents secteurs d’activités et représentant des plus importantes et prestigieuses institutions politiques et économiques, culturelles et diplomatiques, techniques et éducatives, scientifiques et transversales. Avec la présence de plusieurs ministres en poste, des membres du Conseil d’administration de la BRH, dont les gouverneurs Jean Baden Dubois, le vice gouverneur Georges Henry Fils, les deux membres Myrto René et Edgard Jeudy, et le directeur de l’UCLBP, l’ingénieur Clément Bélisaire, la séance allait prendre son envol. Une belle journée d’exposé réalisée dans une forme de plaidoyer pour convaincre les membres du jury. Chacun des porteurs des dossiers retenus avait pratiquement vingt minutes pour présenter leurs projets, tous illustrés par un mini film, et dix minutes pour répondre aux questions du jury.

Dommage, qu’il n’avait pas été permis d’applaudir autant les présentations entre les projections, les arguments et les réponses fournis par les porteurs des dossiers, comme l’exigeaient les organisateurs de la rencontre à travers le carton d’invitation qui précisait : « Prière d’observer le silence et ne pas se déplacer dans la salle au moment des présentations ». Sinon, on allait dans un certain sens influencer les choix du jury à travers le degré des applaudissements pour un projet par rapport à un autre.

Deux anciens chefs d’État haïtien, Prosper Avril et Herard Abraham, et des membres du gouvernement, des représentants de la présidence, anciens et actuels ministres se sont croisés dans la salle avec plusieurs architectes et ingénieurs, des spécialistes de la construction et des professeurs d’université, des entrepreneurs et des artistes, des journalistes et d’autres invités qui se passent de présentation comme : Chantal Volcy Céant, Sagine Saint-Martin, Daniel Elie, Kesner Pharel, Arby Regis (Bilolo Kongo), Wesner Jean-Baptiste, Louis Naud Pierre, Georges Duperval, Fred Lizaire, Roody Edmé, parmi tant d’autres personnalités.

Derrière le prochain Palais national, nous espérons que les prochains locataires qui vont séjourner dans des locaux qui seront aussi prestigieux et couteux au trésor public seront autant à la hauteur de leur mission, mais surtout en mesure de capter les multiples vibrations que ces constructeurs de temples veulent offrir au pays. Ce palais devrait être l’élément symbolique qui marquera l’ère du renouveau pour le peuple haïtien, à travers les quatre grandes dimensions : historiques et architecturales, économiques et culturelles, qui constituent les principaux piliers du pouvoir, conjugué à toutes les saisons entre le passé, le présent et le futur de cette terre, avec Jean Jacques Dessalines comme la pierre angulaire.

Dominique Domerçant

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