Prévision ou prophétie de Moïse Jean Charles ?

Le leader de la plateforme Pitit Desalin, Moïse Jean Charles, fait des prédictions inquiétantes sur la vie de la population pour ce Nouvel An. Selon l’ancien parlementaire, 2020 sera une année extrêmement compliquée pour la nation haïtienne. Peut-être la plus dure de l’histoire nationale, vu les circonstances.

Moïse Jean-Charles n’a pas changé. Il adore les effets d’annonce de catastrophes. Pour ce qui constitue sa première sortie pour l’année 2020, le leader de la plateforme Pitit Desalin annonce des jours sombres sur Haïti. Selon lui, l’Haïtien n’a jamais connu ce dont il l’attend.

L’ex-sénateur du Nord ne veut provoquer de la peur ni pour autant se faire passer pour un oiseau de mauvais augure. Cependant, fait-il savoir, tous les indicateurs montrent que, comparée aux années antérieures, la situation sera amère pour la nation en 2020. Sans citer les séquelles des évènements de 2017, 2018 et particulièrement 2019, la nouvelle orientation politique que va prendre le pays fait craindre le pire. « À 70 %, les ressources budgétaires d’Haïti dépendent de la communauté internationale. Un appui que nous allons perdre puisque les amis étrangers, au regard de la morale politique, ne vont pas aider financièrement un pays qui sera dirigé par un gouvernement de facto. Il le dit sans langue de bois comme si l’opposition radicale n’avait dorénavant aucune marge de manœuvre pour empêcher au locataire du Palais national d’installer son gouvernement. De l’avis de Moïse Jean-Charles, 2020 sera le chaos total caractérisé par l’effondrement de l’économie, l’augmentation vertigineuse de l’inflation, la décapitalisation des couches les plus faibles et l’accroissement des dettes de l’État.

Si le signataire de l’Alternative consensuelle pour la refondation de l’État contrairement aux autres membres de l’opposition ne tente pas masquer l’évidence, il ne promet pas pourtant une année sans mobilisation. « Même quand on aura choisi de ne pas manifester, les évènements qui auront à venir enclencheront beaucoup de manifestations », fait savoir l’ancien maire de Milot qui, comme d’ailleurs refuse l’option du dialogue pour le dénouement de la situation.

À entendre parler l’ancien candidat à la présidence, le rein de la mobilisation n’est pas cassé comme veut le faire croire plus d’un. La bataille doit être intensive, croit-il. Car, c’est le seul moyen qu’à la population pour changer sa vie. Ainsi appelle-t-il aux militants de Pitit Desalin à prendre leurs responsabilités, arguant que dorénavant le peuple est politiquement mature. « Batay la pa dwe kanpe nan wout », lance-t-il invitant la communauté internationale, le pouvoir et la bourgeoisie à douter de leur prétendue victoire sur la bataille contre le changement du système. « Personne ne peut maintenir le système », a-t-il balancé.

La caducité du Parlement, un pas en plus vers l’objectif de la lutte

Par rapport à la législature en fin de mandat, Moïse Jean-Charles pense que le débat est clos. Le Parlement sera déclaré caduc, insiste-t-il. « Nous de la plateforme, nous demeurons attacher aux principes et aux lois du pays. Le temps perdu dans la durée du mandat ne sera pas récupéré. Donc, partant de ce principe, l’hémicycle ne sera plus fonctionnel à partir de lundi prochain. Nous nous servirons de ces ressources financières qu’on gaspille pour rien à relancer l’économie nationale, à travers le financement des PME, la relance de l’agriculture, l’encouragement de la création d’affaires entre autres. Tout cela, à l’instauration d’un nouveau gouvernement qui sera légitime et populaire. Contrairement à l’opinion publique, l’ancien membre du G8 pense que la caducité du Parlement sera le premier pas vers l’éradication du système.

Pitit Desalin en désaccord à l’alternative consensuelle

L’opposition a donné l’apparence qu’elle est unifiée et que ses démarches sont dorénavant coordonnées. Cependant, à bien suivre ses actions, rien ne rassure qu’elle cesse de se fragmenter. Malgré l’accord de Marriott l’on a la sensation que l’Alternative contrôle tout au point même de bloquer le processus de désignation du Premier ministre intérimaire. Au sein de cette alternative toute puissante, Pitit Desalin tient un discours assimilable à un dissident. La pluralité de ce bloc politique vraisemblablement reste entière. À tel enseigne, Moïse Jean Charles tourne en dérision, André Michel et consorts qui annoncent des manifestations nocturnes et hebdomadaires pour les jours qui viennent. Pour Moïse Jean-Charles, les signataires de l’alternative parlent chinois. Soutenir qu’ils vont manifester la nuit est une vaste plaisanterie, juge-t-il. En agissant ainsi, ils ne sont pas, probablement, satisfaits du nombre de victimes qu’ont faites les récents évènements. D’après le numéro un de la plateforme, malgré le langage codé, la population parvient quand même à comprendre leur velléité.

Daniel Sévère

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES