Nouvelle année, nouvelle réalité politique en Haïti

Le pays a connu au moins trois mois de grands bouleversements qui ont failli coûter au président de la République le reste de son mandat. Durant ces trois mois, la République était sous l’effet d’un vaste mouvement de protestation dénommé « pays lock ». Partout, à Port-au-Prince comme en province, des barricades. Des dizaines de personnes au sein de la population civile ainsi que des agents de police, sont mortes, soit en tentant d’enlever les barricades, ou du moins en affrontant les forces de l’ordre dans l’idée de conserver les barricades considérées comme étant l’avenir des générations actuelles et futures, ainsi que les laissés-pour-compte en Haïti.

Durant les périodes de bouleversements, les leaders politiques de la communauté internationale ont fait la navette en Haïti. Des dirigeants de hauts rangs dans la diplomatie américaine, dont Kelly Craft et David Hale, ont rencontré des leaders politiques haïtiens, dans les deux camps opposés. Et à chaque réunion, ils n’ont fait que confirmer le soutien de Washington au président Jovenel Moise. Kelly Craft avait laissé le pays en indiquant qu’elle reste convaincue que les acteurs politiques pourront se montrer à la hauteur de la crise afin d’essayer de chercher un compromis. La formation d’un gouvernement et l’appui pour le renforcement des institutions étaient clairement annoncés.

Après Mme Craft, David Hale a fait son apparition en Haïti. Il a réuni les acteurs selon leur tendance. Il a tenu des discussions avec le pouvoir d’un côté et l’opposition d’un autre côté. Le numéro 3 du département d’État était venu parler surtout de formation d’un gouvernement légitime avant les fêtes de fin d’année. Il est vrai que les autorités américaines, notamment, David Hale, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques américaines, n’ont pas encore obtenu la formation de ce gouvernement, mais ils enregistrent un changement de position de la part des acteurs de l’opposition. Très radicaux, autrefois, ces acteurs soutiennent aujourd’hui la réouverture des classes.

Ces leaders de l'opposition radicale sont favorables à la reprise des activités scolaires dès cette semaine. L'un des porte-paroles de l'Alternative consensuelle, M. André Michel, affirme que les manifestations se dérouleront en week-end et en soirée. Cette disposition permettra, selon lui, de maintenir la mobilisation tout en facilitant la reprise des activités économiques et académiques fortement perturbées par le pays lock. Pourtant, M. Michel accuse le gouvernement d'avoir tout fait pour empêcher la reprise des activités académiques. Le sénateur Youri Latortue abonde dans le même sens, arguant que par la stratégie pays lock, l'opposition avait voulu protéger les enfants contre l'insécurité engendrée par la répression policière.

Selon le sénateur Latortue, la nouvelle stratégie n'est pas une capitulation, mais permettra d'atteindre les résultats escomptés, soulignant que le message de l'opposition favorisera la reprise effective des activités scolaires dès le mardi 7 janvier. Nombreux sont les observateurs qui affirment que ce changement de position est le résultat des recommandations, pressions, menaces et promesses faites par la maison blanche durant les dernières rencontres avec les leaders politiques de l’opposition. Des considérations qui pourront avoir leur raison d’être compte tenu de la déclaration faite par Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain. À l’occasion du 216e anniversaire de l'Indépendance d'Haïti, le 1er janvier 2020, le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a exhorté le gouvernement et les dirigeants politiques haïtiens à s'engager dans la voie du dialogue en vue de trouver une solution à la crise. 24 heures après, les leaders de l’opposition capitulent et mettent logiquement une fin à la mobilisation contre le pouvoir en place.

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