Gonaïves : des journalistes menacés de mort

Le début de l’année a été particulièrement tendu pour les journalistes de la cité de l’Indépendance. Plusieurs journalistes, dont le chef de salle de nouvelles de la radio Antenne continentale et présentateur de l’émission Kafou, ont subi des menaces de la part des individus habitant le quartier de Raboteau. La dernière en date remonte au 1er janvier. Le journaliste Frantz Renel Lebrun a été sévèrement menacé par trois individus qui lui ont intimé l’ordre de laisser le quartier de Raboteau alors qu’il couvrait, sur la place de Raboteau, la cérémonie funéraire de Cénoble Mécène, décédé le 21 décembre lors des échanges entre la Police et les hommes de Raboteau.

Les faits ont été annoncés par le journaliste lui-même dans un texte publié le 1er janvier titré « kiyès ki responsab, ki sektè ki kache dèyè menas sa yo », dans lequel il a expliqué la situation et la nature de la menace. Car, selon ses agresseurs, il aurait déclaré dans une émission que les habitants de Raboteau sont des gangs et des voleurs. Des propos que Lebrun rappelle qu’il n’a jamais utilisés pendant ses vingt et un ans de carrière dans le métier.

Contacté par le journal, M. Lebrun a confirmé les faits que voici : « les menaces ont commencé depuis le 21 octobre après une information que j’avais diffusée à l’émission suite à une manifestation organisée par le secteur de l’opposition. Ils ont estimé que je n’avais pas donné l’information dans leur intérêt, ils ont déposé des tracts devant la radio et devant ma maison pour annoncer qu’ils vont venir l’attaquer et tuer toute ma famille. Le 1er janvier, j’ai été agressé par trois individus qui ont proféré de graves menaces de mort sur ma personne. Parmi eux, j’avais identifié Rony Toussaint, représentant de Mopod dans la commune des Gonaïves ».

« Il n’y a pas que cela, vendredi dernier j’ai été informé par un ancien commissaire du gouvernement d’une attaque programmée contre une voiture à la rue Lamartinière, pensant que c’était ma voiture puisque j’emprunte toujours cette rue quand je laisse la radio pour aller à la maison. Ils ont tiré à bout portant sur la voiture. Fort heureusement ce n’était pas ma voiture. C’est pourquoi je prends très au sérieux ces menaces qui m’obligent à arrêter toutes mes activités comme journaliste et surtout comme directeur des salles des nouvelles de la radio Antenne continentale. Je suis bien obligé d’arrêter temporairement l’émission et me mettre à couvert. Je demande des protections à tous les secteurs impliqués dans la défense des droits humains, la presse, les autorités policières et judiciaires, les institutions nationales et internationales. Car la situation est très compliquée pour moi à l’heure actuelle », a-t-il conclu.

Rappelons toutefois que M. Lebrun n’est pas le seul journaliste visé par ces menaces. Rolguy Docteur, journaliste de radio Kiss FM et de la presse en ligne Kapzy news a été lui aussi agressé par des individus armés à la rue Lamartinière le même jour. Beaucoup d’autres avant eux ont également essuyé des menaces quelques mois plutôt, dont Mérant Jonas, journaliste reporteur de la radio télé Ginen qui reçoit des menaces provenant des deux camps au niveau d’Ennery. Notons entre autres que plusieurs journalistes ont été assassinés ou subis des attaques armées depuis le début de mouvements antigouvernementaux à travers le pays.

Lesly Succès

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