Une croix blanche sur l’année 2019

Le président de la République, dans son discours à l’ouverture de l’année législative, avait décrété l’année 2019 d’année électorale, de dialogue national et de reconstruction de l’économie nationale. À quelques jours de la fin de l’année, la réalité prouve qu’aucun de ces vœux n’a été exaucé. Les choix controversés du chef de l’État l’ont empêché de réaliser ses objectifs les plus chers.

La cause principale de la caducité du Parlement en janvier prochain est la non-réalisation des élections. Au cours de la séance d’ouverture de l’année législative, le président avait profité pour demander aux parlementaires de voter, le plus vite que possible, le projet de loi des Finances 2018-2019 et le projet de loi électorale. Ces deux projets de loi ont été déposés au Parlement en décembre 2018. Même avec sa majorité au Parlement, au niveau du Sénat comme à la Chambre des députés, Jovenel Moise n’a pas pu faire voter ces deux projets de loi. Les parlementaires ont trouvé pas mal de prétextes pour ne pas agir en ce sens. Pourtant, au moment d’évincer Jean Henry Céant, c’était le service de manière express. Ce qui sous-entend que Jovenel Moise n’a jamais eu de véritables envies pour réaliser des élections dans le pays.

Depuis son arrivée à la Présidence d’Haïti, Jovenel Moise ne cesse d’adopter des décisions dont les conséquences sont révélées tellement néfastes pour le pays, notamment sur le plan économique. En plus de cela, l’année était marquée par des vagues de troubles sociopolitiques. Ce qui a ruiné l’économie. Et selon les dernières données, l’inflation a atteint la barre de 20 % en Haïti. Pour un dollar américain, on a besoin de 93, 25 gourdes. Les finances publiques sont en très grandes difficultés. L’État ne peut même pas payer ses employés. Et si rien n’est fait pour un redressement au plus vite, le pays risque de connaître une hyperinflation. La croissance économique n’a pas atteint 2 % à aucun moment au cours de l’année 2019. Jovenel Moise n’a pas réussi à redresser l’économie, comme promis. Au contraire, les mauvaises décisions de son administration ont contribué à plonger le pays dans une crise économique sans précédent.

Le dialogue a toujours été au cœur des discours de Jovenel Moise depuis son arrivée au pouvoir. Pas moins de trois commissions ont été créées en ce sens, dont les États généraux sectoriels de la nation (EGSN) et la commission de facilitation du dialogue inter-haïtien créée au début de l’année 2019 par le chef de l’État, avec pour mission de réaliser le dialogue. Mais jusqu’à date, personne n’a aucune information concernant les travaux réalisés par ces deux commissions. Des travaux s’il y en a, ils n’ont jamais été rendus publics. Pourtant, jusqu'à maintenant, le chef de l’État donne l’impression que le dialogue est une priorité pour lui. Des États généraux sectoriels de la Nation, en passant par Jean Henry Céant qui avait aussi cette noble mission de rendre possible le dialogue, jusqu’à atterrir sur la commission de facilitation du dialogue inter-haïtien, Jovnel Moise n’a jamais réussi à convaincre ses véritables adversaires à venir s’asseoir autour de la table.

Durant le mois de décembre, un dialogue a été initié sous l’égide de l’OEA et de la Nonciature apostolique. C’était encore les mêmes partis de l’opposition modérée qui avaient pris part à ces rencontres durant deux journées. Des structures, comme « Mache kontre », ont abandonné la table des négociations en raison de l’absence d’un agenda pour ces discussions. Ces dernières semaines, le chef de l’État a renouvelé ses invitations aux leaders de partis politiques de l’opposition afin d’essayer de rendre effectif ce dialogue avant la fin de l’année 2019. Tous les partis et personnalités invités ont boudé l’invitation du Palais national. À défaut de rencontrer ses véritables opposants, le chef de l’État s’est contenté de discuter avec des leaders communautaires. Mais politiquement, cette initiative du président ne pourra le sortir de cette situation inconfortable. L’année 2019 se termine sous une note négative pour Jovenel Moise, et rien ne laisse présager que l’année 2020 sera meilleure, et que le président aura enfin l’occasion de réaliser les élections, le redressement de l’économie et le dialogue national.

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