2019 : l’agonie du système de santé haïtien !

Dans un système sanitaire déjà en mal de fonctionnement, les épisodes à répétition de « pays lock » ont fragilisé davantage l’organisation de la santé dans le pays. En effet, ce qui a provoqué le mépris, le ressentiment de plusieurs citoyens tant du côté haïtien qu’étranger en butte pour des services de santé adéquats pour leurs proches ou des patients dans les hôpitaux. À côté du support insuffisant du navire-hôpital américain USNS Confort, 2019 reste l’année de toutes les douleurs pour le système sanitaire haïtien.

L’une des activités sur la santé qui avait marqué le mois de janvier 2019,c’est le premier symposium sur le cancer en Haïti qui a eu lieu les 26 et 27 janvier 2019 au Caribe Convention Center sous l’instigation de La clinique Priority Health International (PHI) de concert avec les Clubs d’éducation à la santé pour une prévention active (CESPA. Les spécialistes comme Dieudonné Jean-Baptiste, Marlene Boudreault, Jean-Claude Magny et Dugald Seely ont insisté sur le fait que la bonne alimentation peut réduire le risque de cancer.

Un mois après le début de l’année 2019, soit le 7 février, le calvaire du peuple haïtien, le système sanitaire en particulier, a été déjà annoncé dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Puisque, le tout premier épisode de « pays lock » allait voir le jour. Ce qui allait compliquer davantage le système sanitaire haïtien en proie d’infrastructures de toutes sortes et de ressources humaines même en dépit du fait qu’un nombre indéterminé d’elles sont au chômageou à la recherche de mieux-être à l’étranger. À signaler, tout ceci a eu lieu sous l’administration de Moise/Céant.

Dans une entrevue accordée à deux médias dont le journal Le National, la directrice exécutive de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), Jessy Colimon Adrien, avait fait savoir que l’institution dont elle dirigeait, a repris les services depuis le 17 février suite à plus de dix jours de troubles partout dans le pays. Durant cet interview, la docteure Colimon avait profité de demander la paix dans le pays. Elle avait aussi fait savoir que l’échéance de décembre 2019, prévue pour la rémission du nouveau bâtiment de l’HUEH pourrait ne pas être respectée en raison des troubles pouvant perdre des jours de travail. Et de fait, en ce jeudi 26 décembre 2019, le délai n’est pratiquement pas respecté.

Par ailleurs, d’un autre côté, les mauvaises notes ont continué à être attribuées au système sanitaire haïtien. Le 24 février 2019, l’agence Bloomberg a rendu public son rapport 2019 sur les nations les plus saines au monde. Sans surprise, sur 169 pays, Haïti figurait dans le top 30 des pires nations au monde les plus saines. Ce qui l’avait placé du coup à la dernière position dans le classement pour l’Amérique. Pour réaliser ce rapport, l’agence avait tenu compte, entre autres, des variables comme l’espérance de vie, les facteurs environnementaux, l’accès à l’eau potable et l’assainissement.

Retournant sur le plan national, au mois de mars, un médicament contrefait a été en circulation dans le pays. C’est qui a poussé le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) à monter au créneau dans une alerte sanitaire en date du jeudi 21 mars 2019 afin d’interdire la distribution, la vente et la consommation du médicament du nom : « Clarithromycin ». Pour le MSSP, ce médicament pouvait « contenir n’importe quelle molécule dangereuse ».

Dans le but de contribuer à la couverture sanitaire universelle, tout en appuyant des actions visant à éliminer les décès évitables des mères, de nouveau-nés, d’enfants et d’adolescents, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), par l’entremise de son titulaire, Marie Greta Roy, avait procédé, vendredi 5 avril 2019, à l’hôtel Montana, au lancement du Mécanisme de financement mondial (GFF). Ce dernier avait aussi pour mission de constituer un modèle de financement novateur et durable capable de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).

Pendant que le peuple est en agonie face à un système de santé moribond, le ministère de la Santé publique et de la Population a commémoré la Journée mondiale de la santé (7 avril) et de la vitamine A le lundi 8 avril 2019 à l’hôtel Marriot autour de ces deux thèmes respectifs : « Santé universelle : pour tous et partout » et « Manje jòn, wouj , vèt : N ap manje yo, n ap bwè yo, fòk nou plante ».

Quand on sait les difficultés financières et sanitaires dont fait face le peuple, certains pourraient dire que cela a été une aberration. Toutefois, le MSPP a eu le mérite de marquer ce jour très important quand on sait qu’investir dans la santé, c’est investir dans le capital humain.

Entre temps, les jours ont continué à se suivre sans se ressembler. Au mois de juin, les mouvements de rues pour demander le départ du président Moise ont continué à s’intensifier et la Journée mondiale du don de sang, le 14 juin 2019 a été totalement occultée. Alors le pays tout entier a fait face à d’énormes difficultés pour s’approvisionner en sang. Le Centre national de transfusion sanguine (CNTS), a été en grève depuis plusieurs jours. Les employés à cet effet avaient réclamé leurs dus depuis plus de 4 mois.

La crise socio-économique transformant en des troubles que vit le pays depuis le mois de février n’avait pas touché seulement les Haïtiens. Puisque dans un communiqué de presse en date du vendredi 5 juillet 2019, intitulé : « Colère et désespoir : la crise met la santé de la population en danger », Médecins Sans frontières (MSF) avait mis en relief la situation socio-économique d’Haïti qui, selon l’institution, s’est empirée et marquée par une montée de la violence.

Profitant de la période d’accalmie précaire, dans son souci d’aider au problème sanguin, le Réseau national groupe sanguins de rhésus négatif (RENAGSANG), par l’entremise de sa coordonnatrice générale, Nancy Lainé, avait lancé officiellement, le lundi 22 juillet 2019, le mouvement « Don de sang volontaire, un engagement fraternel ». En effet, cette initiative visait à inciter davantage de gens et surtout des personnalités publiques qui rentrent dans la ligne de l’organisation à sensibiliser des gens sur la question afin de sauver des vies. Des artistes comme Jean Jean Roosvelt et Samantha se sont adhérés au mouvement.

En date du 20 septembre 2019, la Fondation haïtienne de diabète et de maladies cardio-vasculaires (FHADIMAC) a essuyé des jets de pierre de la part des manifestants alors qu’elle fonctionnait. Et d’un autre côté, l’Association médicale haïtienne (AMH) avait lancé un cri d’alarme face au climat très tendu qui affecte le système sanitaire haïtien dans son intégralité.

Quant au mois d’octobre 2019, il a été particulièrement marqué par la marche des professionnels de la santé (médecin, secouriste, brancardier, infirmière, infirmier…) exigeant, entre autres, des meilleures conditions de travail. Cette marche a été organisée sous l’instigation de la structure baptisée« Rezistans sante ».

L’un des faits, qui a marqué le système de santé, a été le séjour du navire-hôpital de la marine américaine USNS Comfort du 4 au 13 novembre 2019 en Haïti afin de fournir des services médicaux gratuits. « Médecine familiale, médecine préventive, examens et traitements dentaires, optométrie (examens des yeux), pédiatrie, dermatologie, santé féminine et thérapie physique », tels ont été les champs d’interventions de ces professionnels du navire.

Près de 3 500 patients ont été soignés suite à la fin cette mission du navire- hôpital. Si l’on pouvait croire, l’ambassadrice américaine, Michele J. Sison, le système sanitaire haïtien avait bénéficié, des dons d’une valeur de plus de 300 000 dollars américains, dont 12 génératrices, de nombreuses tables d’opérations, des fauteuils de prélèvements sanguins, des lits d’hôpitaux et des incubateurs pour des nouveau-nés. Réagissant à la fin de cette mission, des internautes estiment que c’est une « honte » pour le système de santé quand on sait qu’on a dilapidé plusieurs fonds, dont ceux réservés à la construction de l’Hôpital Simbi Continental de Martissant.

Faut-il signaler, ce qui a aussi provoqué beaucoup de remous dans l’actualité au cours du mois de novembre a été la probable fermeture de l’Hôpital Bernard Mevs pour cumul de dettes.

Pour terminer, faut-il mentionner, de cette année qui a été celle de toutes les douleurs pour le système sanitaire. Au cours du mois de décembre, a été célébré de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1e décembre, sous le thème : « Les communautés font la différence ». Le Programme national de lutte contre le Sida (PNLS) du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) avait fait état pour 2019, de 160 mille personnes qui vivent avec le VIH. Le nombre d’enfants infectés a été estimé à 8 700.

Wisly Bernard Jean-Baptiste

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES