À l'approche de la période pascale de cette année, la Fédération protestante d'Haïti (FPH) a livré ses impressions sur la crise multidimensionnelle aigüe dans laquelle le pays est plongé depuis quelque temps. Les responsables de cette structure en ont profité pour proposer des pistes de solutions afin de ramener la vie dans la cité. Elle recommande le vivre ensemble et la réconciliation pour changer le statu quo.
En effet, la Fédération protestante d'Haïti lance un appel national au pardon comme méthode pour venir à bout de cette crise multiforme qui gangrène le pays. Une proposition mûrement réfléchie et qui prend en compte les nombreuses tentatives, sans succès, déjà essayées, a fait savoir le pasteur Pierre Julien. Paradoxalement, l'homme d'Église estime que la religion divise la nation.
« Les occupations étrangères retardent le développement du pays, les coups d'État militaires entraînent trop de victimes au sein de la population, la dictature coûte trop cher au pays, la démocratie et les aides humaines maintiennent le pays dans une situation d’assistanat », soutient pasteur Pierre Julien, une façon pour lui de montrer qu’il est nécessaire pour le peuple haïtien et les dirigeants, qui se sont succédé à la tête du pays, de se tourner vers une réconciliation nationale, afin de mettre les compteurs à zéro, et tenter de reconstruire le pays sur de nouvelles et meilleures bases, a-t-il poursuivi.
Plus loin, le prédicateur explique qu'un esprit de pardon basé sur la repentance, la justice et la restitution est le fondement de toute entente durable pour rétablir la paix, la sécurité et la réconciliation nationale tant désirée. Pasteur Julien invite les acteurs de la vie nationale à prendre en exemple de la vie de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela qui, rappelle-t-il, a fait choix du pardon dans l'intérêt de son pays alors qu'il était en position de se venger.
Pour sa part, le pasteur Calixte Fleuridor, président de la Fédération protestante, plaide en faveur de l'intégration de la jeunesse dans toute lutte visant à une amélioration de la situation. Il a saisi l'opportunité pour présenter une nouvelle structure baptisée « Conseil national des jeunes leaders » regroupant des jeunes issues de la Fédération protestante. Conscient, dit-il, de la nécessité d'intégrer et de militer dans la politique haïtienne et d'y apporter leur grain de sable, il demande aux jeunes des différentes régions du territoire de se réveiller pour redresser la barque du pays.
Toutefois, le responsable de FPH admet que le secteur auquel il appartient n'affiche pas, en ce moment, le bon modèle à suivre. En ce sens, il invite les protestants à faire table rase de leurs différends, et à se mettre ensemble pour aider le pays à prendre la voie du progrès. Hormis le pardon pour l'homme de Dieu, il faudrait également une restitution basée sur la justice et une négociation raisonnable et honnête avant d’aboutir à une entente de paix.
Esdra Jeudy
