Quelles Fêtes de Pâques pour les plus vulnérables ?

En Haïti, les turbulences économiques sont au rendez-vous pour l'ouverture de cette semaine pascale. Elle se fait sentir notamment, au niveau des marchés publics, des supermarchés et des boutiques. L'augmentation quotidienne du prix des produits de première nécessité ne cesse d'inquiéter les familles. Si les acteurs ne se concertent pas pour trouver une réponse à cette crise, nous courrons tout droit vers une famine, ont réagi plusieurs personnes.

Pour les quatre premiers mois de l'année 2022, aucun effort n'a été réalisé par les autorités de l'État pour donner une réponse à la situation du peuple haïtien, qui vit, depuis le mois de décembre 2021, avec un taux d'inflation enregistré aux taux de 24%. Depuis, le prix des produits de première nécessité ne cesse de grimper sur le marché local. Par ailleurs, les produits alimentaires, les articles d'habillement et les chaussures, le logement, l'eau, le propane et divers autres produits exercent une grande influence dans l'indice général des prix à la consommation. Ainsi, le niveau d'achat et le chômage ne cessent de rendre de plus en plus vulnérables les petites bourses.

 

À la veille de la fête des Pâques, grand nombre des parents haïtiens se trouvent dans l'impossibilité d'apporter de la nourriture dans leurs maisons. C'est le cas de Jean Robert (nom d'emprunt), un fonctionnaire de l'administration qui gagne seulement 10 000 gourdes par mois. Marié et père de trois enfants,  il trouve que la situation économique du pays ne fait qu'empirer. « On ne peut rien acheter ces derniers jours. Le manger devient un luxe dans nos familles. Le riz, l'huile végétale, le haricot, le spaghetti ; leurs prix sont exorbitants sur le marché. Nous ne pouvons pas subvenir à nos besoins. Nous sommes obligés de consommer le peu que nous trouvons pour survivre au quotidien ».

 

D'autre part, Germain, un vingtenaire, chauffeur de taxi-moto, explique que pour sa survie, manger au quotidien est considéré comme un grand défi. « Autrefois, j'avais besoin de 100 gourdes pour prendre un plat de "chen janbe", en moins d'une année il me faut 200 gourdes et dépendamment du lieu on exige 250 gourdes. Le paquet du spaghetti se vend à 80 gourdes. Du Tom-tom qu'on a l'habitude d'acheter à 100 gourdes, ça se vend maintenant à 150 gourdes. Dans ma famille, plusieurs de mes frères ont achevé leurs études classiques, ils ne travaillent pas. On n'a pas vraiment de grande option à vivre dans ce pays. C'est tout un calvaire de supporter tous ces maux », a soulevé Germain.

 

À Pétion-Ville, ce sont les mêmes jérémiades du côté des marchands. Ils indiquent que, contrairement aux années précédentes, cette fête de Pâques est totalement différente. « Pas de vente. Les clients n'ont pas d'argent, nous n'avons pas cessé de voir augmenter le prix des produits sur le marché. L'insécurité nous perturbe, la cherté de la vie nous tracasse. Aucun de nos dirigeants n'est déterminé à  trouver une solution à la crise », ont-ils confié.

 

En effet, ce sont la mauvaise gouvernance et la corruption au niveau de l'État qui nous ont conduits là, ont-ils déclaré. Ainsi, ils demandent aux autorités de prendre des mesures drastiques  pour donner une réponse aux problèmes économiques du pays. 

 

Par contre, ils estiment qu'une bonne entente entre les acteurs peut beaucoup apporter à la nation pour son relèvement. 

 

Oberde Charles

 

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