L'Association haïtienne de psychologie a organisé une conférence ce 11 avril 2022, à Pétion ville autour du thème, Santé mentale en Haïti: crise et réponse. Une activité organisée dans l’objectif de partager avec le grand public, les données et résultats des appels reçus de la ligne d'urgence CIPUH pour avoir une idée de l'impact de la situation actuelle sur la santé mentale et partager les leçons apprises et recommandations pour mieux accompagner les survivants d'une catastrophe naturelle, ont indiqué les responsables.
La santé mentale est un sujet tabou en Haïti, qui pourtant, ravage silencieusement la population compte tenu des nombreuses difficultés auxquelles elle est constamment confrontée. L'insécurité chronique, exacerbée par les incessants cas de kidnapping, les uns les plus spectaculaires que les autres, sans parler des catastrophes naturelles qui frappent le pays presque chaque année, ont considérablement augmenté la quantité de personnes souffrant de troubles mentaux et psychologiques.
L'Association haïtienne de psychologie, qui a pris naissance après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, s'est mise à la disposition de la population par rapport aux demandes qu'il y avait dans ce milieu, a fait savoir Pascal Nery Jean Charles, président de cette structure, le climat de terreur institué par les bandits sur le territoire notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, et les catastrophes naturelles sont les principales causes des maladies mentales enregistrées dans le pays, a-t-il souligné
Cette conférence était également l'occasion pour les responsables de cette association de célébrer les deux ans depuis la création d'une ligne téléphonique qui est le 2919-9000, mis à la disposition des citoyens, afin de les assister psychologiquement. Baptisée Cellule d'intervention psychothérapeute d'urgence d'Haïti, elle a déjà, depuis sa mise en service, reçu près de 6 000 appels de personnes réclamant une aide psychologique.
Les appels sont totalement gratuits. Selon le psychologue Ronald Jean Jacques, membre fondateur de l'Association haïtienne de psychologie, une cohorte de 20 spécialistes en santé mentale sont disponibles pour répondre aux questions de la population, et la conversation peut durer entre 30 à 45 minutes, a-t-il poursuivi.
Cette association tente de combler un vide énorme, dont le pays fait face en matière de structure pouvant assister une personne faisant face à un problème mental. Après le tremblement de terre de 2010, bon nombre d'organisations non gouvernementales présentes sur le terrain ont tant bien que mal répondu à la demande, mais peu après le séisme, la majeure partie de ces ONG ont plié bagages, alors que le besoin d’un programme durable en soins de santé mentale persiste en Haïti.
Esdra Jeudy
