Le calvaire des populations de Carrefour et du Grand Sud

Depuis tantôt 10 mois, se rendre dans le Sud est devenu un véritable combat. Pour cause, les gangs rivaux qui s'affrontent à Martissant ont transformé cette artère en une grande vallée de la mort sous les regards impuissants des autorités. Pour rejoindre la capitale, les usagers ainsi que les habitants de la zone sud, par peur de braver Martissant, sont obligés de se frayer de nouveaux chemins en contournant Martissant par Saint Jude et Tara's.

En dépit de ce calme apparent observé dans la guerre entre des bandes rivales à l'entrée sud de la capitale,  traverser Martissant puis Fontamara  pour se rendre à Carrefour  et/ou dans le Grand Sud relève encore de l'exploit. En plus du mauvais état de la route, les seigneurs de guerre, sensibles à la gâchette, pourraient faire chanter la poudre comme bon leur semble.  La zone est  comme un désert abandonné et les quelques rares bus qui osent assurer le trajet Port-au-Prince au Grand Sud, en passant par ce tronçon,  éprouvent d'énormes difficultés et laissent parfois même leur peau.

 

Pour vaquer à leurs activités quotidiennes, la population du Grand Sud est ainsi obligée de passer par d'autres chemins comme Tara's, Makako, Laboule et Saint Jude. Ces débouchés de fortune sont en très mauvais état.  Rocheux, montagneux et boueux, c'est peu pour décrire ces tronçons qui ne garantissent pas un voyage en toute tranquillité.  Et, la situation devient vite intenable lorsque la pluie se mêle de la partie. Difficile  donc pour les usagers.

 

«C'est le seul moyen si on veut se rendre en ville pour chercher le pain quotidien, la Nationale no 2 étant devenue totalement impraticable, si on ne veut pas être victime du  kidnapping ou des balles perdues», nous explique ce père de famille qui est obligé de se rendre en ville chaque jour. Lassés par ce trajet,  certains professionnels et étudiants s'installent à  Delmas, Pétion-Ville ou dans les autres communes  avoisinantes.

 

 

Cette situation pour le moins déplorable n'est pas sans conséquence sur la commune de Carrefour à tous les points de vue: la surpopulation, la hausse prix des produits, pour ne citer que cela. Les habitants sont préoccupés par de nouvelles têtes qui viennent s'installer dans leurs quartiers. Pour se protéger, ils forment un comité de surveillance appelé « brigade » afin d'empêcher que des inconnus viennent opérer dans leurs zones.

 

L'insécurité, le vol, le viol, le kidnapping, la disparition des gens et autres deviennent le souci quotidien des Carrefourois.

 

 

Outre l'insécurité physique qui bat son plein à Carrefour, l'insécurité alimentaire  ravage aussi les tripes. Pour cause, les  prix des produits deviennent  exorbitants en raison du fait que le transport des marchandises vers le Sud devient extrêmement difficile à cause des activités des groupes armés qui prennent en otage la zone Martissant .

 

«Nous sommes contraints de planifier les voyages seulement quand les bandits donnent l'accès sur le tronçon de Martissant pour rentrer dans le Sud. Malgré tout, c'est très risqué.  Ils peuvent décider de prendre en otage les marchandises ainsi que le chauffeur », témoigne un transporteur précisant que  les marchands n'ont pas d'autres choix que d'augmenter les prix des produits à cause de cette situation qui provoque la rareté des marchandises sur le marché.

 

 

Aux abois, les habitants de la commune de Carrefour en appellent aux autorités concernées d'adopter des mesures sévères pour rétablir l'ordre à l'entrée sud de la capitale et dans la commune de Carrefour. Ils disent aussi espérer que les gens qui ont fui leurs maisons peuvent y retourner tranquillement.

 

Ketzia Isaac

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