À quand la fin du calvaire des habitants du Grand Sud?

Depuis le mois de juin 2021, traverser Martissant, zone située à l'entrée sud de la capitale, devient de plus en plus risqué, en raison de la tension qui y règne à cause du conflit entre des groupes armés rivaux disputant des territoires. Pour rejoindre la capitale, les usagers qui sont obligés d'entreprendre leurs activités, se frayent de nouveaux chemins, tels que Tara's, Saint Jude, dans l'objectif de contourner Martissant.

Ils sont des centaines de personnes à passer par Saint Jude, cette localité qui traverse les hauteurs de la troisième circonscription de Port-au-Prince, quotidiennement par peur de braver les zones de conflit. Une réaction pour le moins justifiée, car bon nombre de citoyens ont été fauchés par l'insécurité. À ce jour, il est impossible de faire le décompte des victimes au sein de la population, depuis l'éclatement des hostilités. 
 
Si la route de Saint Jude procure aux usagers plus de tranquillité d'esprit, les conditions de transport ne sont pas sans difficulté surtout en saison pluvieuse. La route principale de Saint Jude est principalement fréquentée par des camions de marchandises, et des particuliers ayant une voiture. Toutefois, n'ayant pas le choix,  perché sur des camions, à moto et à pied, et faute de moyens économiques, le gros de la population bifurque  par une route secondaire pour rejoindre leurs foyers. À bout de souffle à cause de la distance parcourue, ils sont particulièrement hostiles à l'égard des autorités qui , 10 mois après, n'ont rien fait pour remédier à la situation. « Regardez la condition dans laquelle nous sommes contraints de vivre à cause de l'irresponsabilité des dirigeants, malgré tout ils sont absents sur cette voie, ce sont encore les jeunes de la zone qui essaient d'entretenir la route », s'insurge un septuagénaire rencontré sur la route de Ticajou.

Des écoliers forcés de passer plusieurs heures sur la route pour se rendre dans leurs établissements scolaires sont parmi les catégories victimes de plein fouet par cette regrettable situation. Une adolescente de 16 ans, s'activant pour entrer chez elle, avoue que ce nouveau mode de fonctionnement a de lourdes conséquences sur  ses rendements scolaires. « Je ne m'attends pas à grand-chose cette année, je n'arrive pas à apprendre comme avant, dès que j'apprends une chose je l'oublie. »
 
En dépit d'un calme apparent observé au niveau notamment de Martissant, les citoyens se disent encore méfiants pour fréquenter cette zone. Selon eux, il s'agirait d'une ruse des seigneurs de guerre pour attirer la population qui fuit la route. « Moi, tant que je vivrai je ne mettrai jamais les pieds à Martissant. À chaque fois qu'ils font semblant de déposer les armes, ils recommencent », ont-ils laissé entendre.


En plus de la grande fatigue générée par ce trajet pour le moins difficile, les résidents du Grand Sud assistent à une augmentation considérable du coût de transport. Ce qui a de lourdes conséquences sur leur maigre revenu, déclarent-ils. Des commerçantes qui viennent pour la plupart de la commune en profitent à cause de la conjoncture pour étaler tous les soirs leurs marchandises sur la route de Ticajou pour essayer de gagner, tant bien que mal, leur vie. 


Depuis les échecs de l'opération du 12 mars 2021, qui avait coûté la vie à 5 policiers, aucune opération d'envergure n'a été menée par la Police nationale pour faciliter un retour normal de  la vie dans cette zone où la population est visiblement abandonnée à son sort. Déjà, plus d'un craint que cette situation qui prévaut actuellement à l'entrée sud de la capitale ne se reproduise à l'entrée nord où des gangs armés s'affrontent depuis près d'une semaine sous les regards impuissants ou complices des autorités préposées à la sécurité du pays.


 

  Esdra Jeudy

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