Triste célébration de la fête de l’Agriculture et du Travail en Haïti

Traditionnellement, la fête de l’Agriculture et du Travail est célébrée en Haïti, chaque premier mai. Le premier mai ramène également la fête patronale, Saint-Jacques et Philippe, de la ville de Jacmel, dans le département du Sud-Est. Regrettablement, à cause de la situation délétère, l’acuité de la crise actuelle qui mine le pays, cette double commémoration a perdu de son éclat. Il n’y a pas eu de grandes festivités à Port-au-Prince et ses environs. En cette même journée marquant la fête du Travail , les ouvriers du secteur textile ont gagné les rues pour exiger 1500 gourdes comme salaire minimum journalier et continuer de dénoncer leurs mauvaises conditions de travail.

L’agriculture est l’une des principales activités économiques d’Haïti. Elle constitue également  la plus grande part du produit intérieur brut  (PIB) du pays. Pour marquer  la date du premier mai 2022, malgré que plusieurs structures, organisations sociales et jeunes ont commémoré à leurs façons la journée en faisant la promotion de la production agricole, elle n’a pas eu son éclat habituel.

Certains responsables ont tenu à souligner que  le renforcement de la production nationale facilitera la création des richesses dans le pays dont le produit intérieur brut est en chute libre depuis trois ans. De leurs avis, la jeunesse particulièrement doit se mettre à l’œuvre pour rehausser l’image du pays en butte  à une crise multidimensionnelle depuis certains temps.

« Malheureusement, en Haïti, la plus grande difficulté du secteur agricole est le manque d’investissement des autorités compétentes et des élites du pays. Les paysans n’ont pas vraiment les moyens nécessaires pour mieux gérer leurs productions », ont fait savoir de jeunes entrepreneurs. Ces derniers déplorent le manque d’accompagnement des paysans.

Le gouvernement  d’Ariel Henry dit vouloir tout mettre en œuvre pour que les secteurs de l’agriculture et du travail puissent jouer  leur rôle dans le pays. Parallèlement, des paysans se plaignent parce qu’il n’y a presque plus de banques agricoles dans le pays. Aussi, les agriculteurs ne peuvent pas acheter des engrais et n’ont pas de matériels adéquats qui seraient bénéfiques pour la production nationale. Pour cause, cela devient difficile pour eux de répondre aux besoins alimentaires de la population haïtienne.

En ce qui a trait à la célébration de la fête du Travail, d’une part de jeunes diplômés se désolent d’être toujours en quête d’un emploi, ou parce qu’ils sont au chômage malgré leurs compétences et leurs potentialités. D’autre part, les ouvriers du secteur textile ont manifesté durant la journée du premier mai pour réclamer 1500 gourdes comme salaire minimum. Ces ouvriers en ont profité pour dénoncer les mauvais traitements qu’ils subissent au sein des factories. « Les femmes sont souvent victimes de violences », ont-ils déclaré.

Pour sa part, Me Jean Milaire Thimothé a indiqué que la majorité des citoyens et citoyennes du pays sont dans la misère la plus abjecte à cause du chômage et ceux qui ont un emploi vivent dans la précarité à cause d’une rémunération insuffisante. Il dit saluer les sacrifices consentis par les travailleurs et travailleuses haïtiens. Ainsi, il s’engage à poursuivre la lutte pour la construction d’une société plus juste, plus humaine et plus fraternelle. 

Suivant certains rapports, Haïti demeure le pays le plus vulnérable, le plus pauvre de la région de l’Amérique latine et de la  Caraïbe. Le taux du chômage est estimé à plus de 70 % dans le pays. À cause du laxisme, l’irresponsabilité des autorités et la recrudescence des gangs rivaux et les nombreux cas de kidnapping, le développement social et économique du pays aura beaucoup tardé. Toutefois, l’État devrait agir urgemment en conséquence pour pallier non seulement aux problèmes auxquels le secteur agricole fait face, mais pour permettre à la population en général de souffler un peu.

 

Vladimir Predvil

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