JOURNÉE MONDIALE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION

20 journalistes haïtiens sont déjà assassinés, selon l'AJH

« La presse haïtienne face aux enjeux du numérique et de l'accès à l'information ». C'est autour de ce thème que l’Association des journalistes haïtiens (AJH) a commémoré la Journée mondiale de la liberté de la presse ce 3 mai 2022 à Pétion-Ville. Durant cette matinée de débats, plusieurs personnalités de la presse sont intervenues sur deux de panels différents. L’impunité, l’insécurité, l'accès à l’information presqu'impossible à cause de la montée du gangstérisme sur le territoire national et le droit au libre accès à l’information sont les problèmes majeurs auxquels les journalistes haïtiens font face et qui les empêchent de jouir pleinement la liberté de la presse. Parallèlement, le secrétaire général de l’AJH dit avoir recensé 20 journalistes assassinés au cours de ces trente dernières années et seuls deux procès ont eu lieu depuis.

Haïti est placée en 170e position sur 187 pays d’après une étude réalisée par Reporters sans frontières à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté d’expression. Par ailleurs,  une enquête menée par l’institut Panos Caraïbe sur l'évaluation de l'écosystème de l’information à Port-au-Prince rapporte qu' Haïti comporte deux journaux Le National et Le Nouvelliste, 19 associations de journalistes, 36 télévisions et 56 radios et un nombre incalculable de médias en ligne.

En effet, à en croire le président de l’Association haïtienne des médias en ligne, Godson Lubrun, les médias en ligne contribuent grandement à la production de contenus multi médias dans le pays, ils favorisent l’inclusion sociale et la diversification de l’offre et des sujets. Néanmoins, il dit reconnaitre qu'il y a un manque de professionnalisme chez les journalistes et patrons des médias en ligne qu'il faudrait corriger à la hâte avant que cela ne gangrène, ce qui sera bénéfique pour le pays.

Pour sa part, le responsable du Groupe Médialternatif, Gotson Pierre, a tenu à souligner que l'avènement du  numérique médias a permis la dématérialisation et une circulation plus rapide de l' information dans le pays. Il appelle tous les journalistes haïtiens à faire front commun pour une meilleure presse haïtienne, pour une meilleure Haïti.

Également, le chef de service juridique de l’Unité de lutte contre la corruption, Me Marc Alain Duroseau, a présenté un avant-projet de loi sur l'accès à l’information. « Tout citoyen, journaliste ou non, jouit pour quelques motifs que ce soit, du droit de rechercher, de recevoir et de répandre des informations de toute espère, sans considération de frontières par n'importe quel moyen de communication en l'absence de toute discrimination, sans considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, indépendamment des opinions politiques ou autres », peut- on lire dans le chapitre premier de la proposition de loi portant sur la libre accès à l’information.

 De l'avis du secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens, Jacques Desrosiers, il est  plus que nécessaire d’avoir une loi sur le droit à l’information. Selon lui, cette loi sera tout aussi utile aux universitaires et sera bénéfique dans la lutte contre la corruption en Haïti. Il a laissé entendre que 20 journalistes ont été assassinés dans le cadre de leur profession au cours de ces 30 dernières années. Deux d'entre eux ont eu droit à un procès.

Me Lionel Édouard, pour sa part, a passé au peigne fin les différentes initiatives de propositions et d'avant-projet de loi sur l'accès à l'information. Au terme d'une analyse minutieuse des proposition et avant-projet de loi, il appelle les initiateurs à revoir certains points dans ces textes, puis les fusionner en vue de soumettre un document potable à la sanction des législateurs.

Aussi, en cette Journée mondiale de la liberté d’expression, la SOFEHJ a tenu à rappeler que l’intégration des femmes dans toutes les sphères de la vie nationale est un impératif si on veut arriver au développement durable. L’organisation en a profité pour lancer un vibrant appel à toutes les femmes haïtiennes afin de renforcer la lutte pour leur inclusion dans la société, particulièrement dans les médias, car dans tout 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse est l’occasion de nous unir pour combattre le machisme à outrance sévissant dans les médias.

 « La SOFEHJ est déterminée à lutter contre cette longue histoire de patriarcat et de discrimination contre les femmes, dans la famille, à la maison, au gouvernement, et au travail. Les médias, par exemple, demeurent un espace de pouvoir où les femmes sont sous-représentées et où la hiérarchie est largement dominée par les hommes. Une minorité de femmes a eu accès dans ce domaine et souvent elles sont reléguées au second plan : les émissions politiques sont réservées aux hommes, alors que les femmes sont aussi compétentes qu’eux. Le réflexe qui aurait voulu qu’on fasse appel à l’expertise des femmes pour des sujets d’intérêt public n’est pas pris en compte. Les hommes persistent à se référer à d’autres hommes quand il s’agit de mettre en exergue des connaissances sur un sujet d’importance », ont déclaré les membres de ladite association

En Haïti, le non-accès aux informations contraint les journalistes d'exercer difficilement le métier du journalisme.  Aujourd’hui, il est devenu plus difficile pour les travailleurs de la presse d'avoir accès aux informations à cause des gangs rivaux qui sèment le deuil dans les familles, et qui contrôlent Martissant, Bel-Air, Croix-des-bouquets, etc. La question de la sécurité des journalistes reste préoccupante. « En effet, rien que depuis le début de l’année, trois professionnels des médias, Wilguens Louissaint, Amady John Wesley et Lazarre Maximilien, ont été tués dans l’exercice de leur métier. Ces noms viennent s’ajouter à ceux des seize autres journalistes tués depuis 2000 » lit-on dans une note de BINUH en cette journée marquant la liberté d’expression.

En tout cas, plus d'un exhorte les pouvoirs publics à mettre tout en œuvre pour prévenir et punir les crimes commis contre tout un chacun et les journalistes en particulier.

Vladimir Predvil

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