Guerre des gangs, kidnapping : la totale

L’insécurité a atteint son plus haut niveau dans plusieurs régions du pays, notamment en Plaine ces dernières semaines où des habitants ont fui leurs domiciles, sous les tirs sporadiques des bandes armées. Dans la Plaine du Cul-de-sac, la guerre des gangs se poursuit, les résidents sont aux abois et la police est aux abonnés absents. Pareillement, dans les zones apparemment calmes, les bandits ont repris du service. Plusieurs cas de kidnapping ont été enregistrés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Le dernier cas connu concerne la docteure Benetty Augustin, enlevée, ce jeudi matin, non loin de sa résidence à Laboule 12.

En effet, pendant plus d’une semaine, plusieurs groupes armés s’affrontent au niveau de la commune de la Croix-des-Bouquets pour un contrôle de territoire. Le redoutable gang 400 Mawozo a envahi la base de leur rivale « Chen méchan », traumatisant les résidents de la Croix-des-Missions, de Butte Boyer, de Bon Repos et de Shada, etc.

De jour comme la nuit, les bandits font chanter la poudre. Abandonnés à leur sort et obligés de fuir leurs résidences, des habitants se sont installés désespérément sur des places publiques pour échapper à la colère des malfrats. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent notamment des femmes et des enfants qui empruntent la route de Damien, non loin du domaine de la compagnie Barbancourt, avec certains effets personnels au dos, en raison des agissements des bandits lourdement armés qui opèrent à cet endroit. Les appels à l’aide des habitants restent jusqu'ici sans réponse. Les autorités de l’État laissent visiblement pourrir la situation.
 
Mis à part la situation désastreuse instaurée par les malfrats dans de nombreuses zones, ils multiplient les cas de kidnapping dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Le 3 mai, ils ont enlevé Gina Tassy, cadre de la Primature, à l'avenue Harry Truman. Dans la même période, ils ont enlevé Nicole Désir une entrepreneure à Pont Morin. Cette dernière est à la tête d'une entreprise de fabrication de parpaings.

Ils ont également enlevé et séquestré, le 2 mai dans la soirée, l’entrepreneur Jean Marc Antoine et son fils à Delmas 83. Selon les premières. Ils ont kidnappé puis libéré Alcero Marc Arthur, alors qu'il se trouvait dans un lave-auto, des individus circulant à moto l'avaient emmené dans son véhicule. Ce nouveau regain des cas d'enlèvement pousse les proches des victimes à gagner les rues en dressant des barricades de pneus enflammés sur la chaussée perturbant ainsi la circulation automobile dans beaucoup d’endroits de la capitale.

Certaines organisations de la société civile imputent la dégradation de la situation à la passivité des dirigeants, d'autres à l'international qui interfère en permanence dans les affaires du pays, comme c'est le cas de la Conférence des pasteurs haïtiens (COPAH) qui pointe du doigt la communauté internationale, par le biais du Core Group, dans la détérioration de la situation globale du pays.

Pour cette structure, les étrangers imposent au pays des dirigeants qui n’ont fait que démanteler les institutions républicaines. Ces gouvernants ont démoli, ce que la COPAH appelle, l'édifice identitaire de l’homme haïtien et interrompu le processus constitutionnel et démocratique réduisant ainsi le pays à sa plus simple expression.  


La COPAH dénonce la violence permanente qui a transformé Haïti en un véritable abattoir humain et un cimetière à ciel ouvert. En guise d’illustration, les pasteurs ont évoqué les agissements des bandes armées à Martissant et plus récemment la guerre des gangs au nord de la capitale.

Plus loin, l’organisation appelle, dans cette correspondance adressée aux représentants de la communauté internationale, à la fin de l’ingérence, jugée arrogante, dans les affaires du pays estimant qu’il est temps, après tant d’humiliation des pays dits amis d’Haïti, de laisser aux Haïtiens, le soin de résoudre eux-mêmes leurs problèmes.

 

Esdra Jeudy

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES