L’absence d’éducation financière en Haïti, un obstacle aux développements du pays.

Le ministère de l’Éducation nationale, la Banque de la République d’Haïti et Aflatoun International ont procédé au lancement de l’atelier national d’orientation et d’intégration de l’éducation sociale et financière dans les curricula d’enseignement en Haïti. Cette activité, qui a eu lieu ce 30 mars 2022, rentre dans le cadre de l’opérationnalisation du Plan national d’éducation financière (PNEF) résultant d’un accord tripartite entre les 3 structures organisatrices précitées.

Selon les estimations de Finscop, notamment 67 % d’adultes ne comprennent pas les principes de base en finance. Environ 53 % des adultes estiment avoir besoin de plus d’informations sur leurs finances personnelles. Également, 51 % disent avoir besoin d’une éducation financière pour mieux épargner alors que 50 % en ont besoin pour mieux investir. 46 % est le taux d’exclusion financière en Haïti pour 11 % seulement de la population contenant un compte en banque. L’absence de connaissance sur les finances fait que l’ensemble de la population ignore dans leur vie pratique des concepts comme: l’épargne, l’investissement. De même, ils ne comprennent pas l’importance de payer les taxes pour favoriser le développement du pays. 

« Il s’agit d’une situation critique qu’il faut adresser au plus vite par des mesures de politiques publiques concertées (… ) L’éducation financière du public devient un impératif » a déclaré le gouverneur de la Banque centrale en Haïti, Jean Baden Dubois. 

 

Cet atelier est donc organisé sous le haut patronage de Michel Patrick Boisvert, titulaire du ministère de l’Économie et des Finances qui préside le Comité de coordination et de suivi de la Stratégie financière nationale inscrite dans un processus pour rendre opérationnel le Plan national d’éducation financière (PNEF). Cette initiative a pour objectif de présenter une orientation globale sur l’éducation financière, les mécanismes et le mode d’intégration de l’éducation sociale et financière dans l’enseignement (fondamental, secondaire, général, professionnel) et de démontrer les meilleures pratiques en matière d’intégration nationale.

 

Selon le ministre de l’Économie et des Finances, « Ce qui est visé à travers leur démarche, c’est la sensibilisation, l’inclusion et la participation de tous les fils, de toutes les filles du pays aux activités économiques et financières par une compréhension des voies et moyens disponibles et un accès aux instruments et outils disponibles. »  Chacun sera donc habilité à évoluer dans le pays selon ses aptitudes, ses intérêts et ses besoins, a conclu Boisvert. D’où l’insistance des porteurs de cet atelier sur l’éducation sociale et financière des enfants en bas âge dans leur cursus scolaire pour leur permettre de participer à la vie sociale et économique du pays. 

 

« 4 millions d’enfants aujourd’hui ont accès à une salle de classe contre quelques centaines de millions qui pour différentes raisons n’y vont pas: pour des raisons de violence politique, d’instabilité ou d’incapacité financière de leurs parents », a déclaré Nesmy Manigat, ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Pour lui, l’éducation financière concerne tout le monde, particulièrement les parents d’élèves, les conseils d’écoles et les chefs d’établissement. 

 

En effet, dans les zones où règnent les gangs armés, le fonctionnement des écoles est hypothétique. Celles-ci sont obligées de rester fermées lors des luttes armées. De plus, des déplacements internes massifs ont eu lieu, toujours à cause de la violence armée. Certains parents ayant tout perdu n’étant plus en mesure d’envoyer leurs enfants à l’école. À cette situation s’ajoute aussi le cas des enfants handicapés qui n’ont toujours pas accès aux écoles dont les structures d’apprentissage et physiques des établissements ne sont pas appropriés. Peut-on s’attendre à ce que ces exclus soient pris en compte dans ce PNEF ? 

 

L’organisation non gouvernementale et internationale Aflatoun, qui œuvre pour l’éducation des enfants, à leurs droits et responsabilités et la gestion des ressources financières, apportera son expertise dans ce projet dont la réalisation de cet atelier est la deuxième phase. 

 

Murdith Joseph 

 

 

 

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