Depuis plusieurs semaines les usagers éprouvent de plus en plus de difficultés à s’approvisionner en produits pétroliers. Les quelques rares stations qui fonctionnent sont bondées de gens. Certains passent plusieurs heures dans une file d’attente, et dorment même sur place afin de faire le plein. Une situation qui a des conséquences négatives sur pratiquement toutes les activités, notamment le transport en commun.
Si les responsables de l’État n’osent pas parler de rareté de produits pétroliers, cette station d’essence regorgeant de véhicules, à 10 heures du matin dans la commune de Pétion-Ville, enlève totalement les doutes sur une nouvelle pénurie de carburant sur le marché. Les chauffeurs de taxis motos présents se livrent à un véritable bras de fer pour avoir l’opportunité de se procurer le précieux liquide.
Dans cette station située à l’entrée de cette commune en sortant de Bourdon, pratiquement tous les acheteurs avaient leur fameux « gallon jaune » malgré l’interdiction de la vente de ce produit dangereux dans des récipients inappropriés émise par le gouvernement. « Aux environs de 6 h, depuis ce matin, je suis présent et je n’arrive toujours pas à trouver le carburant. Les pompistes préfèrent remplir les gallons », déplore un jeune. Selon lui, les travailleurs des stations de service sont de connivence avec les revendeurs pour alimenter la crise en vue d’augmenter le prix sur le marché informel.
« L’État haïtien devrait se pencher une fois pour toutes sur ce problème qui pénalise les consommateurs chaque mois ou presque, et reprendre le contrôle de l’achat du carburant, actuellement aux mains du secteur privé. À cause de cette situation compliquée, j’ai du mal à répondre à mes besoins et ceux de ma famille depuis quelques jours », déplore un chauffeur de taxi. Il fustige, plus loin, la mauvaise foi de certains revendeurs qui mélangent le gaz avec d’autres produits en vue d’augmenter la quantité. Ce qui parfois provoque de sérieux dommages au véhicule.
Selon, le président de l’Association nationale des propriétaires des stations-service (ANAPROSS), Marc André Dériphonse, cette situation est due à des retards enregistrés au niveau de la livraison de l’essence par les compagnies. Il a également souligné l’augmentation du prix de l’or noir sur le marché international en raison notamment de la guerre en Ukraine.
Pour le syndicaliste Jacques Anderson Desroche, cette sensible pénurie sur le marché local, est le résultat de la méchanceté de certains hommes d’affaires qui cherchent à tout prix à faire des profits exorbitants sur le dos de la population. « Commander du carburant est une formalité technique, cette rareté constatée dans le pays n’est pas justifiée ». Il appelle à un éveil citoyen pour améliorer la situation.
Esdra Jeudy
