HAÏTI / DROITS HUMAINS

Le RNDDH appelle à l’amélioration des conditions de travail des agents de la PNH

À la veille de la journée qui a ramené le 27e anniversaire de la Police nationale d’Haïti, le 12 juin 2022, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dans son dernier rapport, a attiré l’attention de tout un chacun, des autorités concernées et des responsables de la justice spécifiquement sur le nombre de policiers victimes des actes de gangstérisme dans le pays. Le RNDDH dit avoir recensé au total 44 policiers assassinés de juin 2021 à date, soit 21 décès durant le premier semestre de l’année 2022. Ladite organisation dit déplorer également l’inaccessibilité des soins de santé pour tous les policiers dans le pays et exige que les conditions de travail déplorables des policiers soient améliorées.

Les agents de l’ordre tout comme la majorité de la population civile sont victimes du phénomène récurrent qu’est le banditisme. « De juin 2021 à juin 2022, les bandits armés ont pris pour cibles plusieurs commissariats, sous-commissariats, antennes ainsi que des patrouilles fixes de policiers-ères.  Pour cette période, au moins onze (11) attaques armées ont été enregistrées : le 17 juin 2021, le garage de la PNH, localisé sur l’ancienne piste de l’aviation, a été incendié par des bandits armés.

Le même jour, une patrouille fixe d’agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (CIMO) a été attaquée à Delmas 2. Quatre policiers ont alors été grièvement blessés. L’un  d’entre eux a succombé à ses blessures », peut- on lire dans le rapport du Réseau national de défense des droits humains ( RNDDH).

44 policiers assassinés

La liste des policiers assassinés par les bandes armées s’allonge de plusieurs noms. Selon le RNDDH, du 17 juin 2021 au 6 juin 2022, au moins quarante-quatre policiers ont été assassinés par des individus armés, dont vingt-et-un du 1er janvier au 6 juin 2022 seulement. En effet, le 17 juin 20 21, Gasley Limage, issu de la 29e promotion, a reçu une balle à l’occipital, alors qu’il se trouvait à Delmas.  Il a été admis à l’Hôpital Bernard Mevs pour recevoir des soins puis transféré à l’Hôpital Saint-Luc où il devait passer un scanner. En revenant de l’Hôpital Bernard Mevs, il est décédé.

Par  ailleurs, le 18 juin 2021, Emmanuel Silencieux Jeanty, inspecteur de police, a été abattu sur la route de Frères. Le véhicule, à bord duquel il se trouvait en compagnie d’autres personnes, a été criblé de balles. Le 29 juin 2021, Guerby Geffrard, issu de la 28e promotion, ancien porte-parole du Syndicat de la PNH (SPNH-17) a été assassiné de plusieurs balles, par des individus armés qui circulaient à bord de motocyclettes.

Parallèlement,  Le 8 juillet 2021, Davidson Jean-Baptiste, affecté à la Direction de l’Administration pénitentiaire (DAP) a été assassiné à la prison civile de Mirebalais par des détenus qui tentaient de s’évader. Le 9 juillet 2021, James Adescar, agent 4 issu de la 17e promotion, a été assassiné à Bon Repos 38, zone située dans la commune de Carrefour. Le 12 juillet 2021, Michée Emmanuel Joseph Fils, agent I affecté à la Police frontalière (POLIFRONT), entre autres, a été assassiné à Carrefour Rita.

Conditions de travail des agents-tes de la PNH

Tant à Port-au-Prince que dans les villes de province, les agents-tes de la PNH ne disposent pas de matériels adéquats ni suffisants pour effectuer convenablement leur travail, les policiers-ères des zones reculées n’ont aucun moyen de transport à leur disposition. Certains agents-tes effectuent les patrouilles à pied, tel est le cas des agents-tes de la PNH affectés aux sous-commissariats de Marbial, Sud-Est et de Furcy, Ouest », ont fait savoir les responsables du Réseau national de défense des droits humains qui ont tenu à souligner que certains policiers utilisent les motocyclettes de transport en commun, pour se déplacer d’un lieu à un autre ajoutant que les agents de la Police nationale d’Haïti n’ont ni gilets pare-balles, ni casques, ni menottes, ni cirés imperméables, ni munitions, suffisants.

D’un autre côté, le RNDDH a indiqué que les radios de communication des policiers sont pour la majorité, défectueuses, et de nombreux véhicules de patrouille sont en panne et les bâtiments de nombreux commissariats et sous-commissariats sont en très mauvais état. Ces conditions inacceptables de travail contraignent certains policiers à déserter les rangs de l’institution policière pour se réfugier ailleurs. Pour cause, rien que pour le mois d’avril 2022, cinq cents chèques environ ont été retournés à la direction du personnel de la Police nationale d’Haïti pour acheminement au ministère de l’Économie et des Finances.

Tout compte fait, le Réseau national de défense des droits humains conseille aux autorités étatiques de fournir des matériels, moyens adéquats aux agents de l’ordre pour l’accomplissement de leurs missions. D’assister les familles des policiers-ères assassinés, au-delà des funérailles d’une part. De repenser la couverture d’assurance maladie des policiers et rendre fonctionnel l’hôpital central de la Police nationale et de mettre fin à l’alimentation en armes et en munitions des gangs armés qui attaquent continuellement les agents-tes de la PNH en particulier et la population en général. « Également, de réviser les dossiers des policiers-ères contre lesquels des mesures arbitraires ont été prises entre 2019-2021», ont recommandé les responsables du Réseau national de défense des droits humains.

Vladimir Predvil

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