Sommet des Amériques: un autre raté dans la gestion de la migration forcée

Le 9e Sommet des Amériques a eu lieu du 6 au 10 juin dernier malgré l’absence remarquée du Mexique en réponse à l’exclusion imposée du Venezuela, du Nicaragua et de Cuba par les États-Unis.

Alors que Justin Trudeau déclarait que « les pays des Amériques partagent tous un certain nombre de problèmes urgents tels que les pressions migratoires, le changement climatique et le rétablissement complet de la pandémie de COVID-19 ».

26,9 millions $ pour ralentir le flux de migrants

Lors du Sommet, plusieurs dirigeants à travers les Amériques incluant le Canada et les États-Unis ont pris un « engagement historique» selon Joe Biden, pour atténuer la pression de la migration vers le Nord.

« La pression croissante de l’immigration irrégulière est imputable aux retombées économiques de la pandémie de COVID-19, aggravées par la guerre en Ukraine, et les troubles provoqués par les autocraties dans la région », a clamé le président américain.

Cet engagement – constituant la principale réalisation du Sommet – prévoit que le Canada dépense 26,9 millions $ cette année pour ralentir le flux de migrants en provenance d’Amérique latine et des Caraïbes.

Gérer la migration à ses sources

Ce nouveau financement ira à l’accueil de 4000 migrants supplémentaires de la région d’ici 2028.

Ainsi qu’à des programmes visant à améliorer l’intégration et la gestion des frontières; à protéger les droits des migrants et des communautés d’accueil; à faire progresser l’équité entre les genres et à lutter contre le passage de clandestins.

 

Qu’en est-il de gérer la crise migratoire à ses sources?

Par exemple en Haïti notre voisine, sans gouvernance imputable depuis l’assassinat du président haïtien en juillet 2021. Sous le contrôle absolu des gangs armés, où le peuple vit dans un contexte d’insécurité chronique sur tous les plans…

En ce qui concerne Haïti, le Canada a décidé de prioriser l’aide humanitaire. Cela ne règle en rien le flux continu des Haïtien.es n’ayant aucun autre choix que de migrer au péril de leur vie pour survivre…

 

Freiner la violation des droits humains

Gérer la migration dans les cas de plusieurs pays des Amériques et des Caraïbes, ne signifie-t-il pas, entre autres, de freiner la violation des droits humains perpétrée par des pouvoirs autocratiques et gouvernances non imputables?

Or où en sommes-nous dans la mise en œuvre d’un plan concerté visant la mobilisation des ressources (négociation – médiation – gestion de conflit – justice pénale) visant la protection des droits de la personne au sein de notre continent des Amériques et des Caraïbes?

 

Accueillir des milliers? Vraiment!

Oui, le Canada est un pays d’accueil. On est d’accord.

Nous avons prévu d’accueillir un nombre illimité de réfugiés ukrainiens40 000 réfugiés afghans50 000 Syriens, 4000 migrants de plus des Amériques et des Caraïbes… En plus d’avoir accueilli des milliers d’autres migrants ces dernières années…

Mais quelle est notre vision afin d’assurer la gestion durable de l’accueil et de l’inclusion socioéconomique de ces milliers de gens en détresse?

 

L’IRCC débordé

Par ailleurs, notre ministère canadien de l’Immigration (IRCC), carrément débordé, est actuellement incapable de suffire à la tâche relative au traitement des demandes d’immigration…

Des milliers de gens sont présentement en attente injustifiable de leur statut depuis des mois, voire des années…

Tandis que l’on clame haut et fort que notre progrès dépend de l’immigration…

Si l’on prétend être une terre d’accueil, il faudra d’abord être à la hauteur de notre prétention.

Revisiter le partage des responsabilités entre le Fédéral et les provinces (notamment concernant les migrants francophones et francophiles); établir des partenariats régionaux avec des experts dans la gestion de populations issues de la migration forcée; renforcer les capacités de nos organismes et institutions impliqués dans la livraison des services appropriés auprès des réfugiés…

Si tout cela est déjà mis en place, prière de diffuser le plan d’action!

 

Annik Chalifour

www.l-express.ca 2022.06.14 

 

 

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